Go Fucking Do It

« Go Fucking Do It », la solution à la procrastination ?

« Go Fucking Do It » propose une solution d’une simplicité mais d’une efficacité déconcertante : se fixer un objectif et payer une pénalité s’il n’est pas atteint. 859 personnes se sont déjà engagées à payer 79 189 dollars en cas d’échec. Un concept qui semble prometteur.

D’où vient l’idée ?

Le créateur de « Go Fucking Do It », Pieter Levels lui-même ayant été confronté au problème de la procrastination au cours de ses études, avait mis en place avec son colocataire un système ingénieux de pénalité financière en cas de non accomplissement de leurs tâches ménagères. Cela a commencé très trivialement avec une amende de 5 dollars par assiette non lavée en l’espace de 24h. Ensuite, il a appliqué cette technique pour s’obliger avec un ami à finir des vidéos musicales, en promettant 250 dollars s’ils n’envoyaient pas les vidéos aux dates prévues à la personne qui devait les recevoir.

Ce concept s’est avéré être d’une efficacité foudroyante. Il parvint à faire la vaisselle régulièrement et à finir ses vidéos avant l’échéance. A force, son idée a germé au point de devenir une plateforme Internet aidant d’autres personnes à atteindre leurs objectifs.

Comment cela fonctionne ?

Le principe du site « Go Fucking Do It » est d’une prodigieuse simplicité : il suffit de se fixer une tâche à accomplir et une somme d’argent qui sera débitée si l’objectif n’est pas atteint.

En entrant sur la page du site, l’internaute peut choisir de rentrer n’importe quel objectif, une somme à prélever en cas d’échec s’étalant de 5 à 1000 dollars, et une échéance. Il rentre également l’adresse d’un « superviseur » qui est en charge de valider l’accomplissement de l’objectif au terme de l’échéance. Un système automatisé vérifie chaque jour les deadlines et envoie un email aux superviseurs concernés. S’ils ne valident pas l’objectif l’argent est prélevé sur la carte du « procrastinateur ».

Il est conseillé de choisir des objectifs bien définis et atteignables, plutôt que des idées vagues qui seront difficilement réalisables. Il en existe de toutes sortes, de celui du fondateur lui-même « créer 12 start-up en 12 mois ou payer 1000 USD », à celui de « surprendre tous les jours ma petite amie ou payer 100 USD ». Les objectifs les plus populaires sont liés au sport, à la création d’entreprises, à la rédaction de travaux universitaires ou de sites web, à l’apprentissage et aux relations amoureuses.

Un business model prometteur

Environ 1% des visiteurs du site ont décidé de « fucking do it ! », en s’engageant en moyenne à payer 78.54 USD, et dans 55% des cas leurs objectifs n’ont pas été validés. Si le taux de conversion entre visites et souscriptions est équivalent à celui d’autres sites payants, le site de Pieter Levels en revanche n’a pas encore réussi à avoir assez de visiteurs pour générer un revenu suffisamment important. Selon ses propres estimations, il devrait avoir 250 000 visiteurs mensuels, soit 2500 personnes choisissant un objectif, dont 25 ne l’atteignant pas – c’est-à-dire 10 fois que ce que le site génère à l’heure actuelle.

L’argent déboursé en cas d’échec va directement au fondateur du site, par le biais de la plateforme de paiement Stripe, une fintech en plein essor. Comme il le justifie lui-même, si l’argent allait à une organisation caritative cela diminuerait l’incitation des internautes à atteindre leurs objectifs, car « le seuil de douleur » serait amoindri en faisant une « bonne action ».

Malgré les faibles revenus générés à l’heure actuelle, le concept est prometteur. Les incitations financières seraient en effet, dans des sociétés néo-libérales, la carotte – ou dans le cas présent le bâton – permettant aux individus de se surpasser et de veiller à l’accomplissement de leurs objectifs personnels. Une étude a démontré que ces incitations sont en effet efficaces pour la perte de poids : dans le cadre d’un programme d’amaigrissement de près d’un an, 20 dollars par mois étaient remis à des individus du groupe cible s’ils atteignaient leurs objectifs de perte de poids, et rien n’était remis au groupe témoin. En moyenne, le taux de succès du groupe test s’est élevé à 62%, bien plus que les faibles 26% du groupe de contrôle.

Et à peine un mois après le lancement du site, le fondateur a reçu une offre de rachat à 45 000 dollars. Il a refusé. « Go Fucking Do It » semble avoir trouvé le créneau porteur ! Alors « Go Fucking Succeed ! »

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