C’est sur le boulevard Rothschild que se concentrent la majorité des nombreuses jeunes pousses ayant élu domicile dans ce que les Israéliens surnomment la « Silicon Waddi ». Saluée par le classement Genome comme le deuxième endroit le plus accueillant pour les startups après la Californie, la ville qui ne dort jamais n’a laissé aucune place au hasard pour susciter un tel engouement.
En concurrence avec Haïfa, qui abrite le Technion, l’institut israélien de technologie, Tel-Aviv, deuxième ville du pays, jouit de conditions propices pour séduire les entrepreneurs. Cette cité bordée par la mer Méditerranée, au climat ensoleillé, attire par son esprit festif et libéral, marqué par l’effervescence de sa population dont la moyenne d’âge s’établit à 34 ans. Son architecture, ses terrasses de cafés et son esprit décontracté ont certes œuvré à en faire une ville de choix pour les créations d’entreprises. Mais les raisons de ce dynamisme sont à chercher beaucoup plus loin.
Volonté politique
Israël est un pays où la culture entrepreneuriale est encouragée tout au long des études. Elèves comme professeurs sont accompagnés dans leurs démarches de création par de nombreuses pépinières d’entreprises. De plus, la municipalité de Ron Huldai, à la tête de la ville depuis 1998, s’implique en faveur de la création et du développement des nouvelles sociétés d’une manière très volontariste. En aménageant des espaces collaboratifs, en dotant sa ville d’un immense réseau Wifi, et en voulant créer un écosystème favorable à la venue d’entrepreneurs étrangers, le maire place l’innovation comme principale priorité. Son implication est telle que, sous sa pression, le gouvernement s’apprête à octroyer un visa spécial facilitant la venue des entrepreneurs.
Créer un contexte favorable
Pour de nombreux Israéliens, la prise de risque, traduisible par le mot « houtspa », fait partie d’un état d’esprit courant. De plus, le service militaire obligatoire, et d’une durée de trois ans, contribue à la sensibilisation des étudiants dans les domaines de la cyber-sécurité et de la cyberdéfense, participant ainsi à la formation de nombreux ingénieurs qui, une fois revenus vers la vie civile, sont pris en charge par les organismes d’aides à la création de sociétés. Les pouvoirs publics se trouvent aussi épaulés par des entreprises du secteur privé, et Google a par exemple participé à la création du Campus Tel-Aviv et de l’incubateur d’entreprises qui lui est attaché. Nombreux sont les groupes d’envergure à avoir choisi de s’implanter dans la ville blanche : Microsoft, Oracle, HP, SAP y ont tous ouvert des bureaux.
Des résultats, mais un équilibre précaire
Plus de 700 startups sont recensées à Tel-Aviv, qui compte 1 200 entreprises vouées aux hautes technologies. Le PIB par habitant y est supérieur de 20% à la moyenne nationale, ce qui ne fait qu’encourager une attractivité déjà forte. Il s’agit aussi de retenir les entrepreneurs locaux, afin d’éviter une fuite des talents, notamment vers la Silicon Valley. D’autres problématiques demeurent à résoudre, comme la sous-représentation des femmes dans le domaine (moins de 5% des salariés) et la faible présence de créateurs étrangers. En plus du coût de la vie, élevé pour les expatriés, le contexte géopolitique constitue un handicap majeur. Car la région, avec pour voisins la Syrie, l’Egypte, le Liban et la bande de Gaza, est régulièrement soumise à des périodes de tension parfois vives, rendant la paix nécessaire au maintien de l’attractivité économique.
Une ville jeune, dynamique qui a souvent refusé les extrémismes pour se construire un avenir dans un contexte difficile.