Jean-Michel Aulas est un personnage clivant mais un dirigeant visionnaire. Président du club de football de l’Olympique lyonnais depuis 1987, il est aussi le P-DG d’OL Groupe, une entreprise qui assure la gestion du club de football de l’OL et des sociétés qui l’entourent. Lorsqu’il commente l’actualité footballistique pour défendre son club en répondant à des interviews ou en tweetant, Jean-Michel Aulas, 70 ans, déchaîne les passions et les réactions hostiles. Malgré tout, adversaires ou alliés s’accordent pour le considérer comme un P-DG hors pair doublé d’un dirigeant de football redoutablement efficace.
« Son » OL Groupe en est la parfaite démonstration. Créée en 1999, cette société entre en Bourse en 2007, ce qui constitue une exception dans le football français. Le club constitue la vitrine de l’OL Groupe mais se met à décliner après 2008, date de son dernier titre de champion de France de Ligue 1. Un déclin toutefois maîtrisé dans la mesure où l’OL se qualifie chaque année pour une coupe d’Europe et ne descend jamais plus bas que la cinquième place. En parallèle, le développement de l’académie qui produit sans cesse de nouveaux jeunes joueurs talentueux et l’émergence d’une équipe féminine qui domine le foot européen offrent de nouvelles satisfactions.
L’OL Land
Depuis quelques années, l’OL Groupe a stoppé l’achat de grands joueurs pour investir dans son nouveau stade de 60.000 places. Et c’est ainsi qu’en janvier 2016, le Groupama Stadium est inauguré en plein cœur d’OL Land, un vaste projet porté par OL Groupe. L’enceinte abrite plus d’une centaine de loges, un musée, une brasserie Bocuse, un megastore ou encore deux escape-games.
Grâce à cette opération, Lyon devient le premier club de France propriétaire de sa propre enceinte qui s’intègre dans un ensemble de 45 hectares devant bientôt accueillir un hôtel, un centre médical, un centre d’analyses médicales, un centre de loisirs de plus de 23.000 m² et des immeubles de bureaux.
Tout ceci est effectué dans le but de fédérer autour de la marque OL, de la porter au-delà du football et faire en sorte qu’OL Land vive toute l’année, même en dehors des matchs. Les résultats affichés en Bourse sont prometteurs, succédant à la période laborieuse précédant l’entrée dans le stade. Fin juin 2018, OL Groupe affiche un bénéfice net en hausse de 72 % à huit millions d’euros, grâce, entre autres, à la vente de joueurs importants pour plusieurs dizaines de millions d’euros.
Rapprochement avec l’ASVEL
L’objectif d’OL Groupe est de ne plus dépendre de la cession de ses joueurs mais bien de dégager un maximum de revenus grâce au développement de son OL Land. Par ailleurs, signe de sa volonté de marquer encore davantage son empreinte sur le plan local, OL Groupe effectue en mars un rapprochement avec l’ASVEL, le club de basket de Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise.
Présidé par la star de NBA Tony Parker, l’ASVEL souhaite ouvrir son capital dans la perspective du retour imminent en Euroleague, la grande compétition européenne de basket. L’arrivée d’OL Groupe pourrait faire passer le budget de l’ASVEL de neuf à dix millions d’euros. Jean-Michel Aulas flaire le bon coup et annonce être entré en négociations exclusives jusqu’au 30 juin 2019 avec le club de basket pour intégrer minoritairement son capital.
Le P-DG d’OL Groupe rêve depuis longtemps de construire une grande salle de basket pour l’ASVEL et de l’intégrer au sein d’OL Land (coût estimé entre 70 et 100 millions d’euros pour une salle de 12.000 places). La ville de Villeurbanne ne souhaitant pas perdre son club historique, l’idée de ce déménagement pose problème et la possibilité de voir le club s’appeler OL Basket a d’ores et déjà été écartée.
Le rapprochement entre deux clubs historiques de la région semble toutefois bien lancé pour se concrétiser, surtout s’il parvient à contourner les obstacles politiques. Ce serait le signe d’un pouvoir sans cesse croissant de l’OL Groupe mais surtout d’une volonté de créer une synergie positive et prometteuse au sein du territoire lyonnais.