Les cahiers de vacances Magnard, 90 ans de succès

Plus de 90 ans après leur création par un autodidacte représentant en papèterie, les cahiers de vacances Magnard sont toujours plébiscités pour les enfants pendant les vacances scolaires. 

En 2022, le cahier des vacances fête ses 90 ans. Cauchemar pour la majorité des enfants, objet d’apprentissage indispensable entre deux années scolaires selon de nombreux parents, le cahier de vacances est donc né en 1932. Son inventeur, Roger Magnard, était à l’origine un représentant en papèterie originaire du Dauphiné. Ses parents étaient coiffeurs et lui n’a pas été à l’école. Dès ses 17 ans, il est formé au métier de représentant par son oncle, qui effectue régulièrement des tournées dans le quart Sud-Ouest de la France. 

Et lorsque l’oncle décède un an plus tard, le neveu récupère la tournée mais armé d’un impressionnant bagout et d’une force de vente, il fait très vite mieux que son prédécesseur. Et après avoir rencontré sa future épouse dans une librairie de Guéret, il choisit de s’installer en Creuse. C’est d’ailleurs avec son épouse, Suzanne Magnard, qu’il va se lancer dans l’aventure novatrice des cahiers de vacances.

Une crise économique au départ du projet

Au début de la réflexion, une crise économique : après le terrible choc de 1929, les ventes de papèterie sont en berne en 1930 et 1931 mais Roger Magnard refuse de subir la situation après ces deux années sombres. A l’approche de l’été 1932, il lui vient alors l’idée de développer un cahier pour les gamins entre deux années scolaires. Suzanne et lui vont se charger des premières éditions mais rédigé très artisanalement, le cahier est incomplet. Très vite, l’idée rencontrant un certain succès, le couple Magnard s’associe à des enseignants et des auteurs. Ces derniers s’occupent de la partie pédagogie, Roger se charge de la vente et Suzanne des illustrations. 

Inspirés par leurs deux enfants Louis et Elisabeth, les époux Magnard mettent en scène « Loulou » et « Babette » à la fin des années 1930. Deux enfants traités de manière équivalente malgré des sexes différents : cette conception moderne de l’éducation va faire le succès des cahiers de vacances Magnard, un maximum d’enfants réussissant à s’identifier à ceux mis en scène dans les exercices. Dessins, animations colorées, exercices de vocabulaire ou d’arithmétique, le tout dans un univers ludique : la formule est idéale pour maintenir une activité cérébrale chez les enfants en vacances.

Encore plus de 4 millions de cahiers Magnard vendus en 2021

Et pour motiver les plus récalcitrants, les inventeurs du cahier de vacances décident de récompenser les meilleurs par des cadeaux. Le plus gros d’entre eux, au début des années 1970, est même une automobile, ce qui a probablement dû pousser de nombreux parents à mettre la pression sur leurs enfants pour leur permettre d’obtenir le gros lot… Et pour donner une plus grande dimension à la réussite des meilleurs éléments, les cadeaux sont envoyés dans les écoles et remis en main propre par l’instituteur devant l’ensemble de la classe, mettant ainsi en relation l’occupation estivale avec l’éducation nationale. 

Ce rapprochement incite d’ailleurs Roger Magnard à se tourner vers l’édition de manuels scolaires. L’entrepreneur autodidacte parvient à développer des collections par matière et certaines d’entre elles sont toujours vendues aujourd’hui. Décédé en 1973, il a laissé un bel héritage à sa famille qui est restée dans ce milieu et a continué à développer une marque toujours connue : en 2021, 4,5 millions de cahiers de vacances Magnard ont encore été vendus ! 

Un héritage dont la famille est fière

Si l’entreprise n’est plus sous le giron familial – elle a été rachetée par les éditions Albin-Michel en 1995 – la marque conserve son succès et ce, malgré l’apparition de concurrents. D’ailleurs, la petite-fille de Roger et Suzanne Magnard, Isabelle, est restée directrice d’édition de Magnard jusqu’à sa retraite, prise récemment. Et ses fils – les arrières-petits-fils de Roger Magnard, donc – travaillent aussi dans l’édition et la diffusion de livres. 

Pendant ce temps, Sébastien Roche, petit-fils de Roger Magnard, épluche toutes les archives de l’entreprise familiale dans le but de tourner un documentaire retraçant le succès de son grand-père. A la recherche d’un diffuseur, il aimerait partager au monde le fabuleux destin d’un enfant sans éducation qui est parvenu, à la suite d’une crise économique mondiale, à réinventer son modèle économique pour trouver une idée novatrice qui s’est implantée dans la société.

Sources des photos : tf1.fr

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