Depuis 1948, le cabinet Robert Half, spécialiste des ressources humaines, édite des ouvrages de référence sur les conduites gagnantes dans le monde du travail. Dernier née de cette liste, une méthode afin de « se vendre » en trente secondes. Ou comment ne pas passer à coté de la chance.
C’est en piquant une crise de nerf devant les guichets de sa banque que Charlize Theron a rencontré l’agent qui allait lui ouvrir les portes d’Hollywood. Tout le monde n’a pas la chance d’être ainsi « choisi » par le destin. Alors en attendant l’hypothétique coup de chance, mieux vaut mettre tous les atouts de son coté. C’est dans cette perspective que le cabinet de ressources humaines Robert Half a créé une méthode destinée à se « vendre » avec succès en trente secondes. Cette technique s’adresse prioritairement au postulant à un nouvel emploi. Elle peut être déclinée à toute situation qui nécessite de convaincre rapidement.
Se présenter comme une personne formidable
Première étape : celui qui veut forcer la chance, doit préalablement se faire une idée claire de ce qu’il veut atteindre. « Si vous ne savez pas ce que vous désirez, personne ne pourra vous aider », note Paul Mc Donald directeur exécutif du cabinet Robert Half. La présentation doit ainsi répondre à trois questions clés : Qui suis-je ? Qu’est ce que je fais actuellement ? Qu’est ce que je désire ?
Le candidat est ensuite invité à choisir dans son expérience, quatre points traduisant le mieux ses points forts. « Il faut se présenter comme une personne formidable » insiste Pau Mc Donald.
Après cela, il faut songer à impressionner son auditoire. La stratégie proposée par Rober Half consiste à se raconter en racontant une histoire. Transmettre une émotion est plus convaincant que de donner de simples informations. C’est la technique du « story telling » souvent utilisée en marketing. L’exemple typique est le clip publicitaire réalisé par Apple en 1984. S’appuyant sur le roman d’Orwell « 1984 », le film montre une société futuriste et totalitaire. Une foule est massée devant un écran, où le fameux Big Brother hurle sa propagande. Une jeune femme survient, s’avance et brise l’écran, à la place apparait le nouveau McIntosh. En associant le produit à une émotion, le publicitaire crée une adhésion plus forte qu’en vantant les nouveautés techniques du produit. En racontant son parcours sous la forme d’une histoire le candidat fera de même.
Convaincre sa grand-mère
« Ce qui se conçoit bien, s’exprime clairement » disait le philosophe Boileau. Si le candidat ne peut se passer du jargon technique pour s’expliquer, la présentation ne sera pas réussie. Un postulant à un emploi dans le marketing qui enchainerait sans modération les B2C, B2B, C2C, PPC, PPV, et autre ToT, aura de forte de chance de créer l’effet inverse de celui recherché. Au lieu de montrer sa maitrise de la technique, il affichera ses limites à l’expliquer. Pour ne pas tomber dans un tel piège, Pierre Lazzaref, créateur de France-Soir, donnait aux apprentis journalistes un conseil judicieux. Avant d’écrire, il les invitait à expliquer le sujet à leur grand-mère, si l’aïeule comprenait, c’est que l’article était prêt.
C’est une autre loi de la communication que tous les publicitaires, directeurs de marketing et de rédactions connaissent ; le premier centre d’intérêt d’une personne, c’est… elle-même. Le candidat a tout intérêt à ne pas laisser son interlocuteur dans une position passive. Dans cette optique, il est conseillé de construire une présentation qui invite aux questions.
Faire tenir une vie en trente seconde est un challenge. Pour y réussir le postulant devra s’y reprendre à plusieurs fois, en se chronométrant. L’exercice est connu des avocats à qui l’on demande, pour leur concours d’éloquence, de pouvoir présenter le même sujet en deux minutes ou en une heure. Si la contrainte est pesante, elle devient rapidement une ressource. Elle permet de se concentrer sur l’essentiel.
Un bonnet de Noël et un panneau 4×3
Toutes les études sur la communication le confirment, l’image est souvent bien plus importante que le discours. Nos attitudes trahissent nos émotions et notre personnalité. Partir à la conquête d’un travail sans avoir une notion de sa propre image, revient à vouloir traverser la rue en fermant les yeux. Le candidat est invité à se filmer pour se découvrir. Une fois passé le désagrément de la première impression, il pourra se concentrer sur son apparence afin d’éliminer les gestes parasites, où les poses d’évitements.
Pour parfaire le tout, on demandera au candidat de répéter la présentation afin de s’y sentir à l’aise. S’amuser à ce type d’exercice avec des amis, constitue sans doute le meilleur entrainement.
Il y a donc huit étapes à observer pour réussir une présentation flash percutante selon le cabinet Robert Half: savoir où l’on va ; définir ses idées clés ; raconter une histoire ; oublier le jargon technique ; susciter des questions ; se chronométrer ; se filmer et s’entrainer. Si une fois maitrisés ses huit points, les entretiens demeurent infructueux ; il reste une ultime ressource.
Après des dizaines d’échecs en entretiens, Laurent Lebret, restaurateur au chômage à Antibes a décidé d’innover. Au moment des fêtes, il s’est affiché sur un panneau publicitaire, coiffé d’un bonnet de père noël. Il donnait par slogan son souhait de cadeau : « Moi pour Noël, j’aimerais juste un emploi ». Quelques jours plus tard, on lui propose un poste de directeur d’un village-vacances. Comme quoi si le destin ne donne pas de coup de pouce, on peut quand même aller le titiller.
J’ai déjà testé le conseil de ce cabinet. Au départ c’est un peu agaçant, on a l’impression que l’on nous donne des recettes de cuisine, mas c’est diablement efficace.