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Cyprien Verseux, ce Français qui passe un an (ou presque) sur Mars

A Hawaii, sur les pentes du volcan Mauna Loa, à près de 3 000 mètres d’altitude, repose un curieux bâtiment en forme de dôme. Le petit édifice, dont le toit est bardé de capteurs solaires, abrite depuis près de cinq mois un groupe de volontaires participant à la plus longue simulation de vie sur Mars jamais menée. L’astrobiologiste Cyprien Verseux se trouve parmi eux.

De la vraie science sur une fausse planète

Depuis plus de quatre mois, trois femmes et trois hommes vivent complètement isolés, dans des conditions les plus proches possibles d’une vie sur Mars. La NASA, qui supervise le projet, a sélectionné une hydrologue, une physicienne, un médecin, un ingénieur, un architecte, et un biologiste. C’est à Cyprien Verseux, 25 ans, qu’incombe ce rôle, avec pour mission d’étudier la possibilité de faire pousser des végétaux dans un milieu qui ne leur est pas adapté. L’enjeu d’une telle expérience s’avère fondamental : en l’absence de ravitaillement régulier, seules des cultures permettant l’autosuffisance des colons ouvriraient la voie à un établissement durable sur la planète rouge.

Chaque membre de ce drôle d’équipage mène des recherches qui fourniront une multitude d’informations, et qui permettront de mieux préparer un voyage bien réel sur Mars. Un challenge tant technique que psychologique, où les conditions de santé physique et mentale sont scrutées avec le plus grand intérêt. Comment les participants gèrent-t-ils le stress de l’isolement, la promiscuité, l’aspect répétitif des journées et la monotonie du paysage ?

Mars, un rêve d’enfant

Attiré par les étoiles depuis ses plus jeunes années, le diplômé de Sup’Biotech effectue en 2013 un stage de fin d’études à la NASA. A son issue, il intègre l’organisme spatial, tout en menant en parallèle un doctorat en Italie. Lorsqu’il apprend que l’agence américaine projette une simulation de vie sur Mars, Cyprien Verseux se porte immédiatement volontaire. Le Français avait déjà effectué, en 2014, une mission identique dans l’Utah, organisée par la Mars Society. La simulation, qui n’avait duré que quinze jours, n’a fait que renforcer la motivation du jeune chercheur, qui ne cache pas son ambition de postuler pour les vraies missions martiennes, prévues pour l’horizon 2030. Depuis son arrivée dans le dôme érigé par la NASA, Cyprien Verseux alimente régulièrement son blog, où il décrit un quotidien à la fois excitant et monacal.

Une journée sur Mars

Se levant chaque jour à 7 heures du matin, les membres de la mission partagent leur journée entre travaux scientifiques et activités de simulation. Des sorties quotidiennes en scaphandre sont organisées en conditions réelles, tandis que les repas pris en commun sont l’occasion d’échanges constructifs entre les co-équipiers. Le reste du temps s’écoule entre recherches scientifiques et correspondance avec l’extérieur. Là-aussi, les conditions sont identiques à celles qui prévaudraient sur Mars : un délai de 20 minutes ponctue l’acheminement des messages, et les communications téléphoniques sont impossibles.

Ce n’est donc que par bribes que les informations parviennent aux volontaires, qui ne disposent, hormis les e-mails, d’aucun accès à internet. C’est avec une douleur poignante, comme il le décrit dans son journal de bord, que Cyprien Verseux a pris connaissance des attaques du 13 novembre sur Paris, sa ville d’origine. « Les évènements qui affecteront le plus les premiers explorateurs sur Mars pourraient se produire sur Terre », déclare l’apprenti astronaute, qui rajoute être « fier de (sa) ville ».

Une mission qui se déroule sans accroc

Après près de cinq mois d’isolement, les membres de la mission s’adaptent parfaitement aux conditions qui leur sont imposées. Sheyna Gifford, le médecin de l’équipe, s’avoue même surprise par les conditions psychologiques des participants. Le « vivre-ensemble », dans cette petite structure, ne semble poser aucun problème, bien au contraire. Un fort sentiment d’interdépendance prévaut, selon la scientifique qui a récemment témoigné sur le site nautil.us. D’excellentes conditions physiques et morales entretenues par une forte complicité entre les scientifiques, qui ne rechignent pas à s’accorder quelques séances de salsa, et qui ont célébré Noël autour d’un sapin bricolé, de cubes de dinde lyophilisés et de cadeaux improvisés. Il ne reste plus qu’à souhaiter bon courage à Cyprien Verseux ainsi qu’aux cinq autres volontaires pour les huit mois qu’il leur reste à tenir, et à saluer leurs efforts qui feront à coup sûr progresser la conquête spatiale.

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