Chaque année, MIT Technology Review remet des prix à 10 innovateurs âgés de moins de 35 ans, dans le cadre du concours Innovators Under 35 Europe. Les lauréats français ont été reçus à l’Atelier BNP Paribas pour célébrer cet événement. Xavier Duportet a été nommé Innovateur de l’année 2015 et a gagné un prix additionnel pour saluer son projet révolutionnaire, la création d’une nouvelle génération d’antibiotiques intelligents.
Mais qui est Xavier Duportet ? Docteur en biologie synthétique, passionné par la modification génétique et de « l’infiniment petit », à seulement 27 ans, Xavier Duportet, vient d’être l’un des heureux lauréats de la MIT Technologie Review.
Originaire de Lyon, c’est à l’âge de 12 ans, lors d’un stage qu’il effectue auprès d’un chercheur sur le génie génétique du ver à soie que Xavier Duportet se découvre une passion pour la biologique de synthèse. Il réalise qu’il est possible de modifier un code génétique, sa vocation est alors toute trouvée.
En 2011, il cofonde et préside la communauté Hello Tomorrow Challenge et lance également le réseau Science, Innovation & Entrepreneurship Network. En 2014, il devient vice-président d’Osons la France et fonde parallèlement sa start-up PhareX avec David Bikard, un partenaire de l’institut Pasteur. Celle-ci a désormais pris le nom Eligo Bioscience. En fin d’année, il a soutenu sa thèse en biologie synthétique réalisée au MIT et à l’Inria.
Pendant son cursus, ce passionné a multiplié ses expériences à l’étranger, aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande notamment. Pourtant, il a choisi la France pour développer ses recherches. Grâce aux prix qui lui ont été décernés, il espère pouvoir lancer ses premiers essais cliniques d’ici 2017.
Xavier Duportet et le concept des « eligobiotiques »
Selon Xavier Duportet, la résistance aux antibiotiques pourrait bien être la cause de 10 millions de morts d’ici 2050. Pour couper court à ce fléau, il a crée une nouvelle génération d’antibiotiques : ce sont les eligobiotiques, des antibiotiques intelligents.
En effet, au lieu d’éradiquer l’ensemble des bactéries présentes dans le corps, les eligobiotiques cibleront celles qui possèdent un gène de virulence, c’est-à-dire les bactéries pathogènes, responsables des infections.
Le principe serait de modifier les virus des bactéries pathogènes grâce à un plasmine, molécule d’ADN de synthèse qu’il injecterait dans toutes ces bactéries. Cette molécule d’ADN coderait ensuite une protéine, nommée la nucléase qui détruirait les bactéries. La nucléase agirait tel un antivirus en scannant l’ADN des bactéries, elle repèrerait par ce biais le gène de virulence et serait capable de découper l’ADN de cette bactérie et d’en tuer l’élément néfaste.
Agir sur l’organisme de façon préventive
Ce projet pourrait permettre au corps médical de prévenir certaines maladies en les diagnostiquant à temps chez le patient et parfois bien avant que celui-ci n’en ressente les effets.
Le patient subirait un diagnostic des bactéries présentes dans son corps pour que, sous 3 jours, des eligobiotiques soient spécialement conçus pour lui afin d’éradiquer les bactéries pathogènes. Ainsi, les bonnes bactéries reprendraient leur place et seraient à même de jouer leur rôle.
Une révolution pour notre avenir
Notre corps est peuplé par un ensemble de bactéries, c’est ce qui est nommé le microbiome. La plupart des maladies, tels que le cancer, le diabète ou encore l’obésité, sont liés à un déséquilibre de ce microbiome.
Les traitements préconisés telle la chimiothérapie notamment pour les pathologies comme le cancer sont extrêmement puissants. Dans le meilleur des cas, ce traitement permettra d’éradiquer un très grand nombre de bactéries, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Cette action affaiblira le corps et les défenses immunitaires s’attaquant à la flore directement.
Xavier Duportet souhaite que l’eligobiothique s’attaque uniquement aux mauvaises bactéries, sources de la maladie. Ainsi, le microbiome se rééquilibrerait progressivement. Les applications de cet outil pour le moins révolutionnaire seraient multiples. En agissant directement sur les bactéries, les eligobiothiques pourraient ralentir la croissance d’une tumeur. Ces antibiotiques intelligents pourraient agir également sur le développement de l’autisme chez l’enfant.
D’autre part, Xavier Duportet souhaiterait travailler en collaboration avec des industriels afin de les aider à mettre au point des traitements cosmétiques anti-acné et des déodorants naturels.
Une chose est sûre, Xavier Duportet est déterminé, il ne s’arrêtera pas en chemin, une nouvelle plus qu’encourageante pour la recherche française.