Ça nous arrive tous de rester perplexe devant des choses ou des idées en nous disant : « Ce truc, c’est tout bête, mais c’est incroyablement ingénieux. C’est même une évidence. Pourquoi n’y ai-je pas pensé moi-même ? » Et ça peut même devenir agaçant si on sait que celui qui y a pensé avant vous est un gamin et pourrait devenir multimillionnaire grâce à ce machin. Tom Szaky pourrait vous agacer.
En 2001, Tom Szaky, jeune étudiant canadien de 19 ans, a l’idée géniale d’essayer de recycler tout ce qui à l’époque ne l’était pas, ou ne pouvait pas l’être. Il abandonne ses études à la prestigieuse université de Princeton et fonde sa société : TerraCycle. L’entreprise annonce très clairement son ambition : « éliminer le concept de déchet ». Rien de moins !
Des brigades de ramassage de déchets
Le principe est simple et basé sur le bénévolat : des réseaux nationaux sont créés pour collecter les produits traditionnellement considérés comme non recyclables : emballages de biscuits, sachets de bonbons, gants d’hôpitaux, chaussures, pots de yaourt, etc. Soit une quarantaine de types de produits environ. Il existe quatre programmes actuellement en France, où TerraCycle s’est implanté en 2011 : gourdes de compote, instruments d’écriture, recharges de savon liquide et dosettes de café.
Un programme gratuit, ouvert à tous et solidaire
N’importe qui peut faire partie de ces brigades. Il suffit de s’inscrire sur le site internet de TerraCycle pour rejoindre une ou plusieurs brigades. Vous envoyez ensuite vos déchets à TerraCycle, qui paye les frais de port.
Vous recevez alors des points, que vous pouvez ensuite utiliser en cadeaux solidaires ou en don financier pour une association ou un établissement scolaire.
Recyclage, transcyclage, upcyclage
Une fois vos déchets réceptionnés, TerraCycle, en collaboration avec des marques nationales, se charge de les transformer en nouveaux produits, via la technique du recyclage. Mais pas seulement.
TerraCycle explique que chaque déchet « peut être considéré sous deux angles : les matériaux qui le composent et sa forme. Ainsi, un paquet de bonbons est fait de plastique et a la forme d’un sachet. Recycler ce sachet reviendrait à utiliser uniquement le plastique qui le compose pour créer un nouveau produit. » Or si on crée un produit à partir de ce sachet en réutilisant également sa forme, pour en faire par exemple un sac à dos, on parle alors de transcyclage, ou upcyclage.
Un business model au potentiel gigantesque…
Aujourd’hui, 35 millions de personnes dans le monde envoient leurs déchets à TerraCycle. En France, environ 12000 brigades sont déjà actives : les deux tiers sont des familles, le tiers restant est des écoles, des entreprises et des collectivités. Mais si trois milliards de déchets ont déjà été récupérés, dans 22 pays, ce n’est pour le moment qu’une goutte d’eau.
En effet, Tom Szaky explique que si tout est possible techniquement, la majorité de nos déchets, soit 5 milliards de tonnes par an dans le monde, est incinérée ou mise en décharge, en raison d’un moindre coût.
…basé notamment sur le financement des entreprises elles-mêmes
En finançant les programmes de collecte et de recyclage/transcyclage, certaines entreprises y voient une source de publicité non négligeable. Par exemple, aux Etats-Unis, Colgate est associé au recyclage des brosses à dents.
Et peu importe pour Tom Szaky si certaines entreprises y voient une occasion rêvée pour s’acheter une conscience. Par exemple, depuis quelques mois, toujours aux Etats-Unis, les multinationales du tabac financent le premier programme au monde de recyclage de mégots de cigarettes, dont le plastique contenu dans le filtre est fondu et réutilisé. Ce programme connaît un très vif succès, à tel point qu’il va être élargi prochainement à la France et à d’autres pays. Et là aussi le potentiel est énorme. Selon Tom Szaky, de 1000 à 2000 milliards de mégots sont jetés chaque année dans le monde.
Objectif ultime : éradiquer les déchets de la surface du globe !
Le programme de collecte des chewing-gums est désormais sur les rails. Celui des couches usagées aussi. Et le principe est de les faire monter en puissance à travers la planète, comme tous ses programmes existants par ailleurs. Avec une idée en tête : “Je veux régler tous les problèmes de déchets qui existent. (…) Et avant tout, les produits dont on pense qu’ils ne sont pas recyclables“. Alors aidons-le en cela !
On a tous des idées. Le plus difficile est de se lancer et d’essayer de les concrétiser. Tom Szaky l’a fait. Nous avons besoin de gens comme lui. Cet homme est d’intérêt public. Vive lui !