Via l’utilisation de la réalité mixte, le studio Theoriz de Villeurbanne est devenu l’un des précurseurs d’une nouvelle technologie qui pourrait bien bouleverser l’univers des effets spéciaux.
Réalité virtuelle, réalité augmentée et désormais… la réalité mixte ! Les concepts se bousculent de plus en plus vite et laissent parfois le non-initié sur le carreau. Pour le co-fondateur du studio Theoriz, David-Alexandre Chanel, cette confusion vient du mélange souvent mal dosé entre termes techniques et termes marketing.
Concrètement
Tout d’abord, la réalité virtuelle. C’est la technologie qui plonge l’utilisateur en immersion quasi-totale au sein d’un environnement artificiel. Par exemple, en jeu vidéo, le casque Playstation VR permet d’insérer l’utilisateur dans un univers artificiel. La réalité augmentée, pour sa part, ajoute des éléments virtuels à votre environnement réel via votre smartphone, une tablette ou des lunettes. Exemple de jeu vidéo bien connu utilisant ce procédé : Pokemon Go.
La réalité mixte, quant à elle, permet de faire coexister et interagir simultanément des éléments réels et virtuels. Cette technologie n’est pas une invention de Theoriz, puisqu’elle est déjà assez largement utilisée dans le monde du… jeu vidéo. Grâce à elle, il est possible d’intégrer directement des effets spéciaux au sein de l’environnement réel que constitue le plateau de tournage.
Les créatifs prennent le pouvoir
Si Theoriz fait donc du bruit depuis un an, c’est en utilisant une technologie originellement réservée aux jeux vidéo, pour le cinéma. C’est notamment le cas de leur court-métrage mêlant science-fiction et danse moderne, Passage. Le film, dévoilé en février 2018, met ainsi en scène deux danseurs évoluant dans un monde virtuel et tentant de se retrouver aux travers de couches surréalistes à la fois réelles et virtuelles.
Calculs en temps réels, video mapping, motion capture, projections… Tous les éléments sont présents pour réaliser un classique de science-fiction… Si ce n’est un élément généralement incontournable: l’ajout d’effets spéciaux en post-production.
Le tour de force est impressionnant, et le plébiscite est international. Theoriz a marqué les esprits de la profession! Alors méconnu, «Passage» a permis au studio d’enfoncer la grande porte de la notoriété. Jusqu’à désormais travailler avec le géant Adidas.
Savoir oser
Les grandes marques de luxe cherchent plus naturellement à imposer des visuels très audacieux pour convoyer au mieux des thématiques futuristes. De cette manière, les artistes du numérique tels que Theoriz peuvent se permettre d’innover, plutôt que de rester cloîtrés dans des modèles dont ils sont rapidement lassés. Ainsi il a rassemblé une équipe d’artistes, d’artisans graphiques et technologiques qui brisent les cadres dans les techniques utilisées, dans la communication et la manière de valoriser leur savoir-faire.Mais David-Alexandre Chanel regrette que la plupart du temps, les grands acteurs de la communication suivent des tendances visuelles en retard de quatre ou cinq ans comparé aux créations du monde de l’Art. Il déplore également qu’un studio de création tel que le sien fait office de laboratoire de recherche et développement dont certains publicitaires vont ensuite s’inspirer pour réaliser « une sorte de réchauffé au rabais ».
Heureusement, les grandes marques, pourtant souvent très frileuses à l’idée d’inventer plutôt que de réutiliser des visuels ou des techniques déjà vues et revues, commencent à s’émanciper de cette crainte. Ainsi en jouant la carte de l’innovation, Theoriz va devenir très rapidement un acteur majeur de la création visuelle.