Etudiant en école de commerce, Sébastien Debs a tout arrêté pour assouvir sa passion du jeu vidéo. Devenu champion du monde de Dota 2 en compagnie de quatre autre coéquipiers, il a touché un jackpot de deux millions d’euros qui lui a ouvert les portes de la notoriété à l’étranger tout en lui conférant une crédibilité en France. Portrait.
Un titre de champion du monde d’e-sport peut changer la vie. Sébastien Debs, aka Ceb, peut en témoigner après avoir obtenu deux titres mondiaux en 2018 et 2019. Ce Toulousain de 27 ans est devenu le premier Français millionnaire grâce à l’e-sport. Son jeu c’est Dota 2, une arène de bataille en ligne multijoueur développé et édité par le studio américain Valve Corporation. Deux « team » de cinq joueurs s’y affrontent. Chacun participant contrôle un « héros » qu’il doit aider à gagner de l’expérience, à récupérer des objets et à combattre des ennemis.
Un staff étoffé
Ceb fait partie de la team OG et, si l’e-sport n’est pas reconnu comme professionnel en France, la structure qui accompagne son équipe est loin d’être une organisation d’amateurs. Lorsqu’il part disputer des championnats du monde, Sébastien Debs suit avec ses coéquipiers une préparation collective de trois ou quatre semaines accompagné par un coach, un manager, un analyste, un psychologue et un chef cuisinier qui est aussi diététicien. Au total, une dizaine de membres compose l’OG. Avant les compétitions, ils préfèrent louer des grandes maisons plutôt que de demeurer à l’hôtel. Isolés au calme, ils s’entraînent, débriefent et discutent tactique de 9h30 à 22h30.
Une stratégie qui coute cher ! Mais avec ses compagnons originaires de Finlande ou du Danemark, il bénéficie d’un sponsoring important qui couvre toutes les dépenses. Pour la dotation, le partage est convenu avec le staff et sur les quinze millions d’euros générés par la victoire aux championnats du monde, Ceb en a récupéré deux fois deux millions grâce à sa double victoire. S’il assure ne pas avoir dépensé cet argent faute de temps, il reconnaît que de telles sommes participent à crédibiliser son activité en France.
Gagner deux millions d’euros pour ne plus être perçu comme un ado attardé
Ses parents lui ont longtemps reproché sa passion des jeux vidéo même s’il a étudié jusqu’en master d’école de commerce. Perçu comme un adolescent attardé trop accro aux jeux en ligne, il est devenu quelqu’un de respecté grâce à ses gains. A l’étranger, dans les pays où l’e-sport est en vogue notamment en Asie du Sud-Est, Etats-Unis ou encore la Russie, il jouit d’une grande célébrité. Aux Philippines, par exemple, Ceb peut se faire arrêter par des admirateurs tous les trois mètres tandis qu’en France, il n’est reconnu qu’occasionnellement.
Entre les escortes policières, les séances de dédicaces de plusieurs heures ou les visites surprises de basketteurs de NBA venus déclarer leur admiration, le quotidien d’un e-sportif qui gagne ressemble à celui d’une star même si le sacrifice, en contrepartie, est d’être très souvent bloqué à la maison.
Finie la déprime, Ceb veut entrer dans la légende de sa discipline
Ceb confesse passer plusieurs heures par jour chez lui à s’entraîner. Il ne boit que très occasionnellement de l’alcool, surveille tout ce qu’il mange et sa vie sociale n’est pas trépidante : peu de sorties entre amis, pas de relation amoureuse… Pire : après son premier succès en 2018, il est victime de syndromes dépressifs avec cette question en toile de fond : « que faire maintenant que j’ai réussi mon objectif ? »
Visiblement Ceb a trouvé la parade : il s’entraîne encore plus et poursuit son objectif de gagner d’autres trophées et d’entrer dans la légende de sa discipline. La légende étant une notion sacrée chez les gamers, la motivation est toute trouvée pour le jeune millionnaire.