Depuis sa création en 1978, le Puy du Fou est devenu l’un des principaux parcs d’attractions français. Retour sur une success-story vendéenne.
C’est une histoire hors-norme que celle du Puy du Fou, projet porté par un jeune énarque de 28 ans qui découvre, par un jour d’été 1977, les ruines du château du même nom. Errant dans le parc de cette construction Renaissance et s’asseyant à l’ombre d’un arbre, Philippe de Villiers se prend à rêver d’un spectacle dont le château serait l’écrin. Un an plus tard, une troupe de 600 figurants bénévoles est réunie et propose chaque week-end une grande représentation nocturne. S’étalant du Moyen-Age à 1945, les aventures de la famille Maupillier attirent 82.000 spectateurs, confirmant le bien-fondé d’une telle attraction.
Raconter sa Vendée
Pour Philippe de Villiers, auteur, concepteur et réalisateur des premiers spectacles, le Puy du Fou constitue une remarquable occasion de diffuser l’histoire de sa région. Une histoire tourmentée, marquée par les massacres de la période révolutionnaire et qui était alors tombée dans les oubliettes de l’histoire. De quoi faire grincer des dents certains historiens qui n’hésitent pas à dénoncer une vision partisane de l’histoire, qualifiée parfois de contre-révolutionnaire.
Ce qui n’empêche aucunement les spectateurs de se presser de plus en plus nombreux chaque année afin d’assister à la Cinéscénie qui se déroule sur une scène de 23 hectares agrémentée chaque année de nouveaux ajouts. L’année 1989 marque un tournant lors de l’ouverture d’un parc d’attractions autour du site mêlant complexe hôtelier, reconstitution de villages historiques et aménagements du lac bordant le château.
Une indépendance à contre-courant
Pourtant, à l’époque, le pari semblait pour le moins hasardeux. Si la frénésie des parcs d’attractions battait son plein, la plupart d’entre eux puisaient leur inspiration dans le futurisme ou l’univers de la bande dessinée. Le modèle économique, lui aussi, s’avérait peu banal. Désirant s’accorder une totale indépendance tant financière que morale, la direction du parc dépose les statuts d’association relevant de la loi de 1901 et s’autofinance intégralement.
Un choix pertinent qui aura permis d’injecter 260 millions d’euros pour le développement du site depuis sa création, faisant ainsi vivre 1800 saisonnier et 150 employés permanents. Mais la grande majorité du personnel exerçant au Puy du Fou est composée de bénévoles, qui constituent le bataillon des figurants de la Cinéscénie. 3800 comédiens, baptisés les « Puyfolais », qui animent les nuits du parc, dont certains auront dû patienter plusieurs années sur les listes d’attente saturées.
Affaire de famille
Depuis son lancement, le succès du parc ne s’est jamais démenti, attirant chaque année plus de deux millions de visiteurs qui passent souvent la nuit dans l’un des cinq hôtels reprenant chacun le thème d’une époque historique. Les retombées économiques du deuxième parc d’attractions le plus fréquenté de France s’avèrent majeures pour la région, puisqu’elles sont estimées à 227 millions d’euros par an.
Abandonnant la direction du parc en 1990 au profit de son frère Emmanuel, Philippe de Villiers continue d’écrire une partie de la scénographie du parc. En 2004, c’est son fils, Nicolas, qui a pris les rênes de ce qui constitue désormais une institution vendéenne. Une institution d’ailleurs prête à s’exporter hors des frontières, à Tolède, où un Puy du Fou version espagnole ouvrira ses portes en 2021, pour un investissement estimé à 200 millions d’euros. Si des pourparlers ont été engagés avec la Chine, les tractations menées avec la Russie, qui y prévoyaient l’ouverture de deux parcs d’attractions, ne sont quant à elles plus d’actualité. Qu’à cela ne tienne : la popularité du parc et l’engouement qu’il suscite sont tels que celles et ceux qui n’ont toujours pas pu s’y rendre peuvent se consoler en visitant la page des Fous du Puy, qui ont recréé l’intégralité du site sur le jeu Minecraft.