Mathilde Collin fait partie de cette nouvelle génération d’entrepreneuses qui n’ont pas peur de se lancer… et qui réussissent. Quatre ans après la création de sa start-up, Front, en 2013, Mathilde Collin a été classée à 27 ans parmi les « 30 under 30 » du magazine américain Forbes. Aujourd’hui elle est à la tête d’une centaine de salariés, et elle a réalisé en 2018 une deuxième levée de fonds de 66 millions de dollars. Déjà un beau succès pour la jeune CEO et cofondatrice de Front. Mais Mathilde garde la tête froide et sait que la route est encore longue. « C’est incroyablement dur, cela l’a toujours été et ce le sera encore » résume-t-elle.
Front est une application qui permet de simplifier la gestion des mails en entreprise. «Les outils de messagerie actuels ne sont pas de mauvais produits, mais ils ne correspondent tout simplement pas aux méthodes de travail des entreprises. L’information est cloisonnée », explique Mathilde Collin. Le groupe, basé en Californie, a plus que doublé le nombre de ses utilisateurs en un peu plus d’un an. De 2000 en janvier 2018, il est passé à 4700 en mars dernier.
Des prix revus à la baisse
En avril, Front a changé son offre et sa structure de prix pour mettre son application à la portée des « light user » avec une réduction de prix d’accès significative. Le premier prix est de 9 $ par utilisateur et par mois (contre 15 $ auparavant), et la version Premium est passée de 59 $ à 39 $.
La personnalité de Mathilde Collin est sans doute un facteur-clé de la réussite de Front. Travailleuse, pragmatique, la jeune femme semble posséder un don inné pour le management. Après des études en école de commerce et un master en entreprenariat, Mathilde rejoint l’entreprise où elle a fait son stage. Elle y découvre le monde des logiciels. Utilisant beaucoup l’email, elle réalise qu’on peut grandement en améliorer l’usage en entreprise. L’idée prend corps, et un an plus tard, Mathilde crée Front avec Laurent Perrin, un ingénieur rencontré dans un start-up studio à Paris.
Leurs débuts sont difficiles, la société est alors basée en France, mais les premiers utilisateurs sont presque tous aux Etats-Unis. Mathilde décide de partir à San Francisco pour les rencontrer : « J’ai adoré ce séjour. J’ai eu l’impression de faire plus de progrès en dix jours là-bas qu’en trois mois à Paris. » Ils en profitent pour postuler à Y Combinator, un accélérateur de start-up américain. Ils sont sélectionnés, et décident donc de s’installer là-bas. Et l’équipe française accepte de les suivre !
La transparence comme outil de management
Mathilde Collin réalise avec Front App son rêve d’enfant : « créer une boîte qui aurait pour seul objectif que je sois heureuse d’aller travailler et éventuellement de permettre à d’autres personnes d’être heureuses aussi ». Car Mathilde, enfant, est d’une nature plutôt joyeuse mais elle voit trop de gens autour d’elle qui n’aiment pas leur travail. Elle se promet alors de faire un métier qu’elle aime.
Aujourd’hui, malgré la croissance rapide de son entreprise, la jeune CEO de Front tient à préserver la qualité de la communication et la cohésion au sein de son équipe. Mathilde Collin pratique un management tout en transparence. Par exemple, chez Front, tous les agendas sont publics, y compris le sien ! Une fois par mois, elle présente à toute son équipe les projets en cours et leur état d’avancement. Car pour elle la transparence est la clé de la confiance, elle-même à la base d’un bon environnement de travail. Car le côté humain est essentiel pour Mathilde Collin : « À chaque fois que je fais des entretiens en face-à-face avec des salariés qui sont très épanouis cela me rend hyper heureuse. Je pense d’ailleurs que rien ne me rend plus heureuse que ça. »