L’équipe de France des métiers se prépare pour les Worldskills, les olympiades des métiers, qui aura lieu à Kazan en Russie, du 22 au 26 août. Une façon pour ces talentueux apprentis de mettre en valeur leurs compétences.
Bientôt 70 ans qu’existent les Olympiades des métiers. 43 autres compétitions lui ont succédé à la première édition, organisée à Madrid en Espagne en 1950 pour valoriser et améliorer l’apprentissage. Cet été, du 22 au 26 août à Kazan, en Russie, ce sera donc la 45e édition des Olympiades des métiers qui se disputent désormais tous les deux ans et dont la promotion et l’organisation sont assurées par WorldSkills International.
L’équipe de France, dont la première participation remonte à 1953, est gérée par le comité français des Olympiades des métiers (COFOM), créé en 1990 sous la forme d’une association loi 1901. Le COFOM enverra 43 jeunes défendre et représenter le savoir-faire de l’hexagone.
L’équipe de France reçue à l’Elysée
En mai dernier, Emmanuel Macron a reçu à l’Elysée les futurs candidats alors qu’ils étaient en train d’effectuer un stage de préparation pour ce tournoi international. Le chef de l’Etat n’a pas manqué de glisser un clin d’œil sur le lieu de la compétition en faisant un parallèle entre l’équipe de France de football, championne du monde en Russie en 2018 et le futur succès des représentants de cette équipe de France des métiers.
Cet intérêt très particulier porté par l’exécutif à ces jeunes est une manière d’insister sur la notion d’apprentissage qu’il essaie de valoriser depuis son arrivée au pouvoir en 2017. La loi avenir professionnel adoptée en 2018 est une volonté d’assouplir les règles d’accès et de financement à l’apprentissage afin de valoriser le savoir-faire français. Emmanuel Macron défend d’ailleurs la candidature de Lyon, déjà organisateur en 1995, pour l’organisation des olympiades de 2023 (2021 sera à Shanghai). Pour les défenseurs et les organisateurs de ces jeux, les Olympiades des métiers représentent la vitrine de l’apprentissage.
Pour l’édition 2019, ce ne sont pas moins de 1600 jeunes obligatoirement âgés de moins de 23 ans (25 ans dans quelques spécialités spécifiques) et provenant de 80 pays différents qui concourront dans une cinquantaine de métiers techniques parmi lesquels on peut citer la mécanique automobile, le jardinage, la maçonnerie, l’aide à la personne, la taille de la pierre, la réception d’hôtel, la décoration, la cuisine…
Chacun est sélectionné après avoir participé à des concours éliminatoires dans sa spécialité. Dans un premier temps, ce sont les professeurs ou directeurs de centres de formation qui repèrent les élèves susceptibles de défendre leurs chances dans leur catégorie. Au-delà de la mise en valeur des compétences, les concours servent, en cas de réussite, de tremplin pour entrer plus facilement dans la vie active puisque des « chasseurs de tête », des recruteurs professionnels, repèrent les lauréats des finales nationales pour leur proposer ensuite de les aider à les placer au sein d’entreprises prestigieuses.
Trois étapes avant le titre mondial
Si l’élève est intéressé et motivé, il peut participer au concours régional puis, s’il gagne, disputer les finales nationales. Les gagnants des finales nationales sont ensuite choisis pour représenter l’équipe de France et doivent suivre des stages de préparation intenses afin de ne négliger aucun détail. Il y a déjà deux stages préparatoires pluridisciplinaires effectués par l’ensemble des candidats et qui servent au dépassement de soi et à la cohésion d’équipe : réveil musculaire dès 6h30 du matin, préparation physique et mentale, apprentissage de certains sports et initiation à diverses activités sont au programme.
Le but est que les professeurs ou entraîneurs désignés par le COFOM en charge du stage préparent les candidats à défendre les chances de la France au mois d’août en faisant au moins aussi bien que leurs aînés aux précédentes olympiades qui ont eu lieu à Abu Dhabi en 2017 et qui ont établi un record avec 27 médailles dont cinq en or (en 2015 à Sao Paulo, la France avait aussi obtenu 27 médailles mais seulement deux en or). Coiffure, boulangerie, peinture et décoration ou encore taille de pierres font partie des métiers régulièrement récompensés chez les Français ces dernières années lors des compétitions internationales.
Mises en conditions professionnelles
En plus des stages collectifs, il y a des préparations individualisées pour chaque catégorie représentée. Les candidats désignés ainsi que leur suppléant (qui est généralement le médaillé d’argent national) sont préparés spécifiquement. Au final, seul le candidat titulaire participe à la compétition mondiale à Kazan mais son remplaçant doit être préparé en cas de problème ou de défaillance du titulaire. Ainsi, ils sont mis en condition de concours, c’est-à-dire que leurs professeurs mettent en place toutes les éventualités auxquelles ils seront exposés le jour de la compétition.
Aisni, dans le cas du concours de réception d’hôtel, le candidat devra faire face à deux clients qui ont chacun deux problématiques différentes (problème de santé, problème technique dans la chambre, rupture amoureuse, mauvais caractère…). Le candidat doit alors résoudre au plus vite et de la meilleure façon les problèmes des deux clients. Un jury note alors sa réactivité, son efficacité et son professionnalisme.
Les Olympiades des métiers connaissent une médiatisation sans cesse croissante, notamment depuis le passage des représentants français à l’Elysée. Depuis quelques semaines, la presse quotidienne régionale s’intéresse à chaque candidat de sa région et l’on voit fleurir sur Google de nombreux portraits de ces jeunes qui font la fierté locale.
Un petit moment de gloire pour cette jeunesse qui peut apprécier de voir la filière de l’apprentissage valorisée alors que les métiers manuels ont été si longtemps décriés.