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Les milliards de WhatsApp

Les chiffres donnent le tournis. 19 milliards de dollars auront donc été déboursés par Facebook pour l’acquisition de WhatsApp, une application de messagerie. Cette transaction, l’une des plus importantes de toute l’histoire de la Silicon Valley, transforme en milliardaires Jan Koum et Brian Acton, à l’origine de la société.

Google avait proposé 10 milliards pour se porter acquéreur de WhatsApp. Facebook et Mark Zuckerberg ont finalement remporté la mise en versant 4 milliards de dollars en cash, et 12 milliards en actions Facebook. L’application conserve sa marque et son siège social, et 3 milliards sont destinés aux fondateurs et aux employés de WhatsApp. Dans une société qui ne compte que 55 salariés, le bonus s’élève à environ 345 millions de dollars par personne. A l’origine de ce succès, deux hommes aux parcours très différents, Jan Koum et Brian Acton.

Deux hommes, deux parcours

whats-app_1024x576Brian Acton, né en 1972 dans le Michigan, est issu d’un milieu plutôt aisé. Diplômé de l’université de Stanford, il entame sa carrière chez Rockwell International, avant de rejoindre Apple et Adobe. En 1996, il intègre la toute jeune société Yahoo. Un itinéraire qui tranche avec celui de Jan Koum, né en Ukraine en 1976, d’une mère femme de ménage et d’un père chef de chantier. Il émigre aux Etats-Unis à l’âge de 16 ans, avec sa mère, et se retrouve à Mountain View, en plein cœur de la Silicon Valley. Stimulé par un tel environnement, il se forme à l’informatique en autodidacte et rejoint Yahoo en 1997.

Quitter Yahoo pour faire « autre chose »

Les deux hommes sympathisent vite, mais Jan Koum s’ennuie ferme et développe une profonde aversion pour le business model en cours. Le recours systématique à la publicité n’est pour lui une solution ni plaisante, ni gratifiante. Ses opinions seront plus tard perceptibles lorsqu’il fondera WhatsApp : pas de publicité, ni de collecte des données personnelles des utilisateurs. Les deux compères quittent Yahoo en 2007, et entament une traversée du désert qui les voit même postuler, en vain, chez Facebook. Ce n’est que deux ans plus tard, en 2009, que l’idée vient à Jan Koum de créer une application de messagerie qui puisse concurrencer le SMS traditionnel. WhatsApp était né.

Un succès planétaire

Très vite rejoint par Brian Acton, Jan Koum craint que les premiers mois ne soient trop difficiles pour assurer la pérennité de son entreprise. Mais le succès est au rendez-vous et l’application décolle. Pour se démarquer de la concurrence, la priorité est donnée à une interface simple et à des services peu nombreux, mais bien conçus et simples d’utilisation. Les utilisateurs se ruent sur cette application, qui connait par ailleurs un taux d’usage quotidien supérieur à Facebook. A l’heure actuelle, ce sont plus de 500 millions de personnes qui utilisent les services de WhatsApp de manière régulière. Et ce chiffre devrait encore augmenter, puisque un million de nouveaux utilisateurs sont recensés chaque jour, et que l’application cherche à pénétrer de nouveaux marchés tels que l’Inde ou le continent africain. Le nombre de messages échangés via WhatsApp s’élève à plus de 10 milliards par jour, soit autant que le nombre de SMS quotidiens. L’application est rentable, et n’emploie que le minimum de personnel. Pas de service marketing, ni de service gérant la publicité ou la presse. Juste le strict nécessaire.

WhatsApp, une bonne affaire pour Facebook ?

mark zuckerbergEn rachetant WhatsApp, Mark Zuckerberg réalise l’une des plus grosses opérations de ces dernières années. En comparaison, les rachats d’Instagram par le même Facebook (1 milliard de dollars) ou encore de YouTube par Google (1,6 milliard) font pâle figure. Le chiffre d’affaires de WhatsApp n’est pas connu, la société n’étant pas cotée en bourse. Néanmoins, Forbes l’estime à une vingtaine de millions de dollars pour l’année 2013. Fonctionnant sans publicité, l’application se télécharge gratuitement sur les principales plateformes mobiles, et ne devient payante qu’au bout de la première année d’utilisation (0,72 euros par an). Ce n’est donc pas pour ses bénéfices que Facebook rachète WhatsApp, mais bien pour sa base d’utilisateurs et pour sa croissance impressionnante. D’autres raisons se cachent aussi derrière ce rachat. Les usagers de Facebook « vieillissent », et la moyenne d’âge de ses utilisateurs atteint 41 ans. Mettre la main sur les utilisateurs de WhatsApp, plus jeunes, est une manière pour Facebook de se redynamiser. Sans compter que contrairement à Apple ou à Google, la marque bleue ne dispose que de peu de moyens sur la téléphonie mobile, un secteur pourtant en pleine croissance, puisqu’il y aura bientôt plus de smartphones que d’ordinateurs dans le monde.

Les grands gagnants du rachat

Quoi qu’il en soit, ce rachat constitue une excellente affaire pour Jan Koum et Brian Acton, qui rejoignent ainsi le club des milliardaires de l’informatique. Possédant 45% des parts de la société, Jan Koum pèsera donc, lorsque le rachat sera validé, 6,8 milliards de dollars, et son comparse, Brian Acton, 3 milliards. En créant cette application, les deux hommes ont su investir un secteur en pleine expansion. En refusant de perdre leur indépendance, ils ont décliné d’autres offres de rachat, et n’avaient accepté jusqu’alors qu’une levée de fonds de la part de Sequoia Capital, d’un montant de 8 millions de dollars. Avec les conditions négociées auprès de Facebook, non seulement l’indépendance de WhatsApp n’est pas remise en cause, mais en plus Jan Koum rejoint les huit autres membres du conseil d’administration de Facebook. Une nouvelle version du rêve américain.

 

Commentaires
  1. - par Damien Touls

    Une histoire extraordinaire. Presque un un conte de fée numérique!

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