Le marché du jeu vidéo français ne se limite pas à un large public de consommateurs passionnés, plusieurs sociétés indépendantes de développement et d’édition de jeux vidéo tirent désormais leur épingle du jeu et arrivent à se frayer un chemin au milieu des mastodontes historiques. Présentation d’une industrie en évolution permanente qui ne connaît pas la crise.
Le jeu vidéo, qui constitue l’une des industries les plus importantes au monde, tient également une place prépondérante pour les Français puisqu’elle représente la deuxième industrie culturelle du pays, avec un chiffres d’affaires de près de trois milliards d’euros pour l’année 2015. La Paris Games Week, plus grand salon consacré aux jeux vidéo en France, attire chaque année depuis 2010 de plus en plus de visiteurs. Cette année, la barre des 300 000 visiteurs a été franchie, ce qui fait entrer définitivement la PGW au sein des salons d’envergure mondiale tels que l’E 3, la Gamescom ou le Tokyo Game Show.
Dans l’histoire du jeu vidéo, au milieu des célèbres Mario, Kirby, Donkey Kong ou Link sortis de chez l’immense Nintendo, un petit personnage aux mèches blondes et aux membres invisibles fait son apparition au milieu des années 90. Répondant au nom de Rayman, il est le héros d’une série de jeux de plateforme du même nom. La franchise, qui connait un succès mondial, est développée et éditée par Ubisoft, un pionnier du jeu vidéo « Made in France ».
La société, crée en 1986 par les frères Guillemot, est la mère d’autres titres à succès comme Assassin’s Creed, Splinter Cell, Prince of Persia ou Far Cry. Ubisoft fut un des premiers à surfer sur les différentes générations de consoles depuis les années 90, de la Super Nintendo à la Playstation. Elle réalise un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros en 2014-2015. Autre société phare des frères bretons, Gameloft, fondée en 1999, est aujourd’hui le numéro deux mondial des jeux pour tablettes et smartphones, avec un chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros sur l’année 2014. Elle développe près de20 jeux par an.
Offre de rachat d’Ankama de la part de Walt Disney Studios
Ces deux sociétés font office de références, Ubisoft étant parmi le Top 3 des éditeurs mondiaux. Depuis leur création, Ubisoft et Gameloft ont su fédérer des générations de joueurs autour de leurs titres, ce qui leur a permis de s’adapter à l’évolution des genres grâce à l’arrivée de nouvelles générations de jeux et supports. Un peu moins ancienne et moins mondialisée, la société Ankama demeure néanmoins parmi les grands noms du jeu vidéo français. Avec leur jeu de rôle en ligne Dofus, qui a connu un succès mondial depuis sa sortie en 2004, malgré la concurrence d’un certain World of Warfcraft, le studio, qui fait aussi de l’animation et de l’édition de bandes dessinées et de mangas, a pu se diversifier et créer tout un univers autour du thème de Dofus. Le titre a littéralement lancé le studio nordiste qui réalise autour de 40 millions de chiffres d’affaires par an, et a même reçu une offre de rachat de la part de Walt Disney Studios.
Mais la particularité du réservoir français est d’avoir une multitude de petits studios indépendants qui lancent leurs propres jeux voire qui sous-traitent directement la création et la distribution de jeux pour d’autres studios ou entreprises spécialisées. C’est le cas de Focus Home Interactive, une PME de 50 employés qui grâce à ce processus a pu se hisser au rang de troisième éditeur français.
Plus de 600 entreprises
D’autres studios prometteurs qui montent se sont présentés à la Paris Games Week pour annoncer leurs titres, comme Enigami, Cyanide, ou encore Kobojo, racheté 7 millions de dollars qui présente son jeu de rôle Zodiac. Un studio breton, Sushee, verra même son œuvre Goetia distribué par le géant du jeu de rôle japonais Square Enix, l’éditeur de la légendaire saga des Final Fantasy. Au total, ce sont plus de 600 entreprises qui innovent et créent de nouveaux moyens de suivre les évolutions technologiques.
Si tous ces studios peuvent fleurir et prospérer en France, c’est parce qu’ils bénéficient d’une culture du jeu vidéo bien ancrée en France depuis plus de vingt ans qui a pu créer de véritables générations de « gamers ». En effet, cet important foyer de joueurs (plus d’un Français sur deux déclare jouer aux jeux vidéo, et la moyenne d’âge des joueurs est passée de 21 ans en 2000 à 35 ans aujourd’hui) suit avec attention chaque nouvelle génération de consoles ou de jeux.
Autre facteur important de la réussite des studios français, la dématérialisation du jeu vidéo qui facilite aujourd’hui le développement et la distribution de nouveaux jeux. En effet, la vente par Internet notamment par le biais du téléchargement des applications de jeux pour smartphones, permet à tous ces studios de bénéficier d’une distribution internationale. Ainsi, il est plus facile pour ces PME de rester indépendantes. D’autre part, la disponibilité et la qualité des formations dans les établissements tels que l’ENJMIN d’Angoulême ou Les Gobelins à Paris, engendre l’éclosion de talents qui vont pouvoir développer leur passion créative en France ou dans le monde entier.
50% des foyers sont équipés d’une console dernière génération
Ainsi, aujourd’hui en France, ce sont plus de 50% des foyers qui sont équipés d’une console dernière génération, notamment des smartphones. Le chiffre d’affaires moyen des studios français, dont plus de la moitié ont moins de cinq ans, est de 4, 2 millions d’euros par an, pour un coût de production moyen de 1,4 million d’euros pour un jeu. Près de 75% des entreprises développent des jeux dans un secteur qui continue de grimper (+8% cette année). Enfin, on compte près de 31 millions de joueurs, avec une part grandissante de joueuses. Les Français ont donc encore de nombreuses heures de jeu devant eux, et le jeu vidéo « Made in France » va certainement continuer à faire parler de lui !