Nicolas Laurent incarne cette génération de jeunes entrepreneurs français qui réussissent aux Etats-Unis. Grand amateur de jeux vidéo depuis sa jeunesse, c’est dans cette industrie que « Nicolo » s’est fait un nom en devenant le P-DG de Riot Games, l’entreprise qui commercialise le jeu mondialement célèbre League of Legends. Portrait.
A 36 ans, Nicolas Laurent reste un homme peu connu au patronyme très commun en France. D’ailleurs, pour se détacher, il s’est trouvé un surnom : Nicolo. Aujourd’hui, c’est surtout son poste prestigieux dans le milieu des jeux vidéo qui le distingue des autres. En effet il est, depuis neuf mois, le P-DG de l’entreprise Riot, connue surtout pour être l’éditrice de League of Legends, une référence mondiale du jeu en ligne.
Génération Nintendo et Sega
Nicolo a grandi dans les années 1980 avec la génération Nintendo et Sega Mega Drive. Il s’oriente vite vers cette industrie au moment de trouver un stage alors qu’il est en école de commerce. Conscient de ses limites en tant que développeur ou programmateur, c’est plutôt dans la partie commerciale qu’il se fait une place.
Son stage chez Goa.com, filiale d’Orange qui servait de plateforme gratuite de jeux en réseau en France, le conduit à décrocher son premier poste dans cette entreprise après ses études. Au total, il y reste six années (de 2003 à 2009).
La révélation lors d’un séjour en Corée du Sud
Un séjour en Corée du Sud va faire évoluer Nicolo, très attiré par le modèle adopté par le pays du matin calme : des jeux vidéo à gros budget mais gratuits, avec une durée de vie commerciale longue de plusieurs années. Une manière de fonctionner très distincte du modèle occidental.
C’est à ce moment qu’il entrouvre la porte de Riot Games qui était encore loin de peser autant qu’aujourd’hui. L’entreprise américaine, avant-gardiste, cherche un éditeur pour son futur jeu League of Legends mais essuie énormément de refus. Nicolo flaire le bon coup et accepte de soutenir le projet de Mark Merrill et Brandon Beck via Goa.com.
De 1500 à 3000 employés en trois ans
Deux ans plus tard, Riot lui propose un poste de responsable de développement international. L’entreprise est en difficulté financière mais opte pour la décision d’autoéditer League of Legend. Dans ce jeu, chaque utilisateur contrôle un champion et le but ultime est de battre le champion adverse alors qu’entrent en jeu de nombreux facteurs. Le pari de Riot est payant et en quelques années à peine, le succès est au rendez-vous ! Aujourd’hui ce sont près de 100 millions de joueurs qui, chaque mois, combattent en ligne. Il existe même des compétitions de League of Legend et ces événements d’e-sport sont suivis par des millions de joueurs à travers la planète !
« C’est vraiment impensable, on était une trentaine quand on a lancé le jeu et aujourd’hui on est 1500 », confie Nicolo en juin 2014. Quatre ans plus tard, Riot atteint les 3000 employés. Fort de cette réussite, en octobre 2017, Nicolas Laurent est nommé président-directeur général de la société.
Le succès de l’entreprise américaine repose sur une bonne osmose entre de très bons développeurs passionnés qui créent la technique des jeux et des commerciaux visionnaires qui savent comment faire fructifier les créations. Une stratégie qui doit beaucoup à son P-DG qui ne lâche pas son crédo : « travaille pour l’industrie qui te passionne, sur un rôle qui te valorise ».
Décontracté comme un jeune patron à l’américaine qui tutoie ses employés, Nicolo voit encore plus loin pour Riot. Il supervise déjà quelques projets qui seront les jeux vidéo phares de la firme américaine lors des dix prochaines années. Avec comme objectif de faire au moins aussi bien que League of Legends. Un défi majeur qui ne devrait pas effrayer Nicolo.