Malgré un très bon premier semestre en 2022, le groupe verrier Arc dit « être affecté par la crise en Ukraine », a expliqué Guillaume Rabel-Suquet, directeur des Ressources humaines d’Arc France. Une partie des salariés du groupe, soit 1.600 personnes, est en chômage partiel depuis le 1er septembre et jusqu’au mois de décembre.
En effet le carnet de commande du groupe Arc s’est effondré à l’annonce de l’augmentation des prix de l’énergie. Le groupe Arc a bénéficié pourtant d’un soutien important de l’Etat depuis 2020 sous forme de prêts pour un total de 128,5 millions d’euros.
Le groupe Arc, installé près de Saint-Omer (Pas-de-Calais) emploie au total 7.800 personnes, dont 5.000 en France. Ses produits sont commercialisés sous cinq marques principales : Luminarc, Arcopal, Cristal d’Arques Paris, Arcoroc et Chef & Sommelier.
La verrerie est toujours présente sur le site qui l’a vu naître, et où se trouve son siège, son pôle Recherche et Développement, ainsi que le plus grand site de production verrière au monde.
Une verrerie née en 1825
L’histoire de ce géant du verre remonte à 1825, année ou Alexandre des Lyons de Noircame fonde à Arques la Verrerie des sept écluses. Dès l’année suivante, elle s’associe à la verrerie Carpentiel-Mancel. La verrerie passe ensuite entre plusieurs mains jusqu’à 1893, où elle devient SA Verrerie et Cristallerie d’Arques, qui s’impose comme un fleuron industriel du Nord.
Dès 1930, son directeur Jacques Durand insuffle un nouvel élan à l’entreprise. Il se rend aux Etats-Unis pour étudier les verreries américaines, déjà largement automatisées, et équipe la cristallerie de nouvelles machines. Dès lors, l’entreprise ne cessera de se moderniser et de se développer. En 1950, la verrerie dispose d’un équipement sans équivalent en Europe et produit 15 000 tonnes de verre par an pour un effectif de 993 personnes.
Jusqu’en 2015, la Cristallerie d’Arques reste une entreprise locale à capitaux familiaux. A partir de 1979 le groupe crée Durand Glass Manufacturing Company (DGMC), filiale de production à Millville, dans le New Jersey. À l’apogée de sa production, l’entreprise fabrique plus d’1,6 milliard d’articles par an expédiés dans 144 pays. Elle est la première verrerie de table du monde.
Dans les années 2000, la verrerie change de nom et devient Arc International ; elle multiplie les implantations internationales (Chine, Emirats, Russie).
Le groupe connaît ensuite une série de difficultés financières, qui conduisent à plusieurs vagues de licenciement. Ainsi à fin 2012, l’effectif du site se trouve réduit de moitié par rapport à 2004, passant de 12 000 salariés à 6 000. Cette situation aboutit en 2015 à la reprise du groupe Arc par l’Américain Peaked Hill Partners (PHP). Les repreneurs déboursent 58 millions pour recapitaliser l’entreprise, ce qui permet d’assainir la situation financière du Groupe.
Un site de 205 hectares à Arques
Depuis, le groupe se bat pour être au top de la compétitivité en jonglant entre les volumes, la standardisation, les délais courts, et l’optimisation des emballages et de la logistique. Arc a mis en place une organisation plus flexible, avec huit entités autonomes, spécialisées par type de produits (gobelets, verres à pied, mugs, assiettes…) et par type de matériaux.
Chez Arc, l’intégration est de mise. Le groupe possède sa propre ingénierie, qui conçoit machines et outils, d’un laboratoire de chimie du verre, d’un studio de tournage vidéo etc. Avec ses 205 hectares, le site industriel d’Arques est une véritable ville dans la ville.
Le groupe Arc a mis en place un système de tutorat permettant la transmission du savoir-faire. Les anciens ont ainsi la charge de former un jeune pendant l’année précédant leur départ à la retraite. Les apprentis sont ensuite embauchés, ce qui apporte du sang neuf à l’équipe. Par ailleurs, Arc mise sur la robotisation pour optimiser la production et réduire les coûts, par exemple au service expédition. Le groupe Arc se bat sur tous les fronts pour faire face à un marché toujours plus compétitif et conserver sa place de leader mondial de la verrerie.
Photo : La Voix du Nord