Récemment nommé à la tête de la future entité qui va réunir TF1 et M6, Nicolas de Tavernost est un dirigeant intransigeant qui a toujours su mener ses troupes avec énergie et efficacité.
Faire face à Nicolas de Tavernost, c’est se mesurer à un homme charismatique. Expéditif, la silhouette élancée, le timbre de voix grave et persuasif, le P-DG de M6 et futur dirigeant de la fusion TF1-M6 n’en a pas encore fini avec sa carrière professionnelle riche alors qu’il était annoncé proche de la retraite. À 70 ans, il entend bien encore imposer sa discipline et sa vision de gestionnaire à ses collaborateurs. La fusion des deux plus grandes chaînes de télévision concurrentes de France le place au sommet de cette nouvelle entité. Une récompense et un accomplissement mais surtout une suite logique pour cet ancien pensionnaire de Sciences Po Bordeaux.
Originaire du Beaujolais, c’est pourtant en Gironde, à la fin des années 1960, que l’adolescent forge son profil de meneur de troupes. D’abord au prestigieux lycée Tivoli où il obtient le bac, puis sur les bancs de Sciences Po. Son diplôme en poche, il se tourne logiquement vers une carrière politique en intégrant le cabinet ministériel du commerce extérieur en tant que chargé de mission. Mais en 1978, il s’oriente vers un domaine qui l’attire beaucoup plus : la communication. Il intègre à 28 ans le service de communication des PTT puis, en 1986, il est nommé directeur de l’audiovisuel de la Lyonnaise des eaux.
Un franc-parler
C’est en 1987 qu’il rejoint la toute nouvelle chaîne de télévision, M6. Trois ans plus tard, il en est le directeur général avant de succéder en 2000 à Jean Drucker en tant que président du directoire. Cela fait donc vingt ans que les salariés voient cet homme très dynamique, à la limite de l’hyperactivité, traverser les couloirs avec fougue pour parfois « pousser une gueulante ». Il est aussi présent dans la sphère sportive puisque la chaîne a racheté le club de foot des Girondins de Bordeaux en 1999.
En tant que dirigeant, il apprécie le succès rencontré en 2009, lorsque le club bordelais remporte le titre de champion de France. Il parle toujours du club de football girondin avec sensibilité, lui qui a vécu sa jeunesse à Bordeaux. Et comme avec ses collaborateurs au sein des médias, « NDT » n’hésite pas à taper du poing sur la table avec « ses » footballeurs lorsque ceux-ci traversent des crises de résultat. C’est ainsi qu’il fonctionne, armé d’un franc-parler qui peut être tranchant : il ne tarde jamais à réagir lorsqu’il décèle un dysfonctionnement parmi ses équipes.
Pingre, radin ou rigoureux ?
Il commande la stratégie globale et les résultats financiers du groupe RTL-M6 ne peuvent que lui donner raison. Son ambition n’a jamais été d’être la chaîne la plus suivie mais d’être celle qui plait « aux femmes de moins de 50 ans responsables des achats ». Les publicitaires ne s’y trompent pas et investissent massivement au sein d’une chaîne qui a été la première à emmener la télé-réalité en France. Visionnaire, NDT avait à l’époque trahi un « pacte officieux » avec son grand rival Patrick Le Lay, alors président de TF1, qui stipulait de ne pas céder à la « télé-poubelle ».
Nicolas de Tavernost est ainsi : il ne fait pas de sentiments en affaires, quitte à endosser le costume du « pingre » ou de « radin », comme il est souvent décrit. Lui préfère évoquer le terme de « rigueur » et la réussite de M6 puis du groupe RTL-M6 depuis son rachat par Bertelsmann doit beaucoup à son président. Ce n’est donc pas une surprise de le voir incarner le futur du plus grand groupe de télévision français pour les prochaines années. Le septuagénaire attendra encore un peu avant de mettre ses pantoufles dans sa propriété familiale de l’Ain, un château construit par un aïeul au XIXe siècle. Bordelais de cœur et Beaujolais de naissance, c’est encore à Paris qu’il a le plus de projets pour les prochaines années.
Sources : lesechos.com et Yahoo.fr