Créé par des trentenaires français dans le but de protéger les grands groupes mondiaux des fuites de leurs données sur Internet, Cybel Angel entre dans le marché américain après une levée de fonds de dix millions d’euros.
Imaginez que la formule d’une molécule pharmaceutique circule librement dans les profondeurs du Web à cause d’une fuite de sécurité dans la transmission de données numériques. Elle pourrait être récupérée par n’importe quelle personne qui pourrait l’utiliser ensuite à des fins malveillantes ou exiger un prix pour la rétrocéder à son propriétaire. C’est pour pallier ce type de fuite possible sur Internet que Cybel Angel a été créé en 2013 par trois jeunes hommes : les frères Stevan et Erwan Keraudy ainsi que Matthieu Finiasz camarade de lycée d’Erwan. La solution de dépannage qu’ils mettent en place est aujourd’hui la plus efficace du marché, ce qui offre à la start-up un impressionnant décollage économique.
Matthieu Finiasz est un normalien mathématicien et Stevan Keraudy est un centralien, chercheur en machine learning. Ce sont eux qui dirigent les équipes de Recherche et Développement. Erwan Keraudy est quant à lui le P-DG du groupe. Brestois, diplômé de l’ESCP France, il décide de lâcher il y a cinq ans son poste de trader à l’étranger dans une grande banque internationale car il ne trouve pas de sens à son métier. Attiré par la cyber-sécurité, il passe à l’action en créant Cybel Angel. Jeune trentenaire, Erwan Keraudy s’apprête à déménager à New-York à la suite de la levée de fonds de dix millions d’euros opérée par la start-up grâce à BPI et Séréna France.
De 70 à 180 collaborateurs pour Cybel Angel
Cette importante levée fait suite à la levée de trois millions d’euros réussie il y a un an. Le P-DG envisage désormais de lever 45 millions d’euros dans un délai de 12 à 18 mois. En plus de la création d’une équipe de 45 personnes à New-York, Cybel Angel va déjà passer de 70 à 180 collaborateurs à Paris en moins d’un an et demi. Le nombre important de postes vacants proposés par la start-up sur sa page Web témoigne de son développement.
Le succès est donc au rendez-vous et ses méthodes attirent du monde, particulièrement aux Etats-Unis qui représentent la moitié du marché mondial de la cyber-protection. Grâce à son intelligence artificielle, Cybel Angel scanne jusqu’à un milliard de données par jour qui circulent dans les profondeurs de l’Internet et l’Internet caché (Dark Web). Ce sont des données qui échappent aux radars des moteurs de recherche traditionnels tels Google et qui s’évanouissent.
Des plans d’avions de ligne aux détails d’une transaction bancaire
Ces données peuvent être des plans complets de montage d’avion de ligne mais aussi des documents relatifs à des transactions financières très élevées ou encore des documents secrets concernant des stratégies d’entreprise.
Elles proviennent presqu’exclusivement de grands groupes mondiaux qui pèsent plusieurs millions d’euros. Et dans neuf cas sur dix, les fuites sont issues de cabinets d’avocats ou de sous-traitants qui ne sont pas aussi vigilants en matière de sécurité. Dans le cas des plans de l’avion de ligne, la fuite venait du fabricant des vis de précision, un sous-traitant taïwanais.
Cybel Angel intervient donc à l’image d’un plombier : il découvre la fuite et la colmate en faisant disparaître ces données égarées avant qu’elles ne soient récupérées par un tiers.
La start-up utilise des techniques de confidentialité pointues afin de ne pas être elle-même attaquée : les collaborateurs disposent d’un cloud privé, de coffres-forts pour ranger leurs ordinateurs à la fin de la journée, de clés USB sécurisées pour se connecter sur les applis ou encore d’écrans de confidentialité sur leurs ordinateurs et smartphones.
Grandir en profitant des réseaux de ses futurs investisseurs américains
Parmi les clients actuels de Cybel Angel, on trouve Total, Sanofi ou encore LVMH. La start-up propose des abonnements annualisés à ses clients qui n’hésitent pas à rompre avec leur ancien partenaire de cyber-défense afin de faire appel à la start-up française aux solutions plus avancées sur le plan technologique.
Erwan Keraudy arrive à New-York avec confiance mais il a aussi conscience de ses limites de développement. Il a donc déjà annoncé vouloir faire entrer rapidement des associés américains dans le capital de l’entreprise afin de pouvoir la faire grandir en profitant des réseaux de ses futurs investisseurs.