L’histoire de Cornilleau est celle d’un succès qui perdure depuis plus de cinquante ans. L’entreprise le doit notamment à la qualité de ses produits et à son esprit d’innovation. Cornilleau a révolutionné le monde du ping en démocratisant le ping-pong en extérieur grâce à ses tables outdoor. Cornilleau en a vendu depuis ses débuts près de trois millions, dans 80 pays.

La PME, installée depuis 1946 à Bonneuil-les-Eaux, en Picardie, produit chaque année 80’000 tables. Son effectif est de 90 salariés, et son chiffre d’affaires (CA) était de 27 millions d’euros en 2019. Les matériaux servant à produire les tables viennent d’Europe proche selon Cornilleau. L’entreprise réalise plus de la moitié de son CA à l’étranger, un défi au vu de la concurrence.

En novembre dernier s’est éteint, à l’âge de 80 ans, Pierre Cornilleau, le fils du fondateur de l’entreprise éponyme. L’histoire familiale raconte que c’est lui qui, dans les années 60, avait convaincu “son père, Émile, fondateur de l’entreprise, de relever le pari fou d’honorer pour Noël 1969 une commande de 300 tables de ping-pong, passée par le BHV“. On est alors en pleine période d’essor des loisirs.

Une commande de 300 tables pour le BHV

A l’époque, Cornilleau est une simple entreprise de menuiserie et d’ébénisterie artisanale. Lorsqu’elle décide d’honorer la commande du grand magasin parisien, c’est un sacré défi qu’elle se lance. Emile Cornilleau décide alors d’investir toutes ses économies dans des machines, afin de pouvoir produire de gros volumes dans un délai réduit. Et cette audace paye ! Le BHV, satisfait de la collaboration, passe une nouvelle commande, suivi par d’autres magasins. C’est le début de l’aventure Cornilleau dans le ping-pong. 

En 1982, Cornilleau signe un partenariat avec le champion de tennis de table Jacques Secrétin, qui apporte son expertise à la société, notamment dans la conception de tables de compétition. C’est le début de la collaboration de la marque avec des grands champions, gage de qualité et vecteur de notoriété.

Dans les années 80, Pierre a une idée de génie. A cette époque, les loisirs de plein air ont le vent en poupe. Or le ping outdoor est marginal car les tables extérieures sont trop onéreuses. Pierre Cornilleau souhaite les populariser. L’équipe technique se penche sur la question et à l’idée d’utiliser du stratifié massif sur les tables, un matériau à l’époque exclusivement utilisé dans le bâtiment. Une gamme de tables extérieures est ainsi lancée en 1988 : “Du jour au lendemain, grâce à nos nouvelles technologies, on s’est mis à faire des tables outdoor réellement moins chères.”

Et ça marche, le public adhère. Cornilleau a encore gagné son pari.

Un billard d’extérieur signé Cornilleau

Le site historique de Cornilleau s’étend à ce jour sur 10.000 m2 couverts et deux lignes de montage sur les cinq sont robotisées, ce qui permet d’optimiser la production : « Avant on attendait 24 heures pour que ça sèche. Aujourd’hui on les passe dans un tunnel de séchage par lampes UV, ça prend au total 7 minutes », explique Michel Zany, l’actuel président de Cornilleau, qui a succédé à Pierre Cornilleau en 2003.

Dans un contexte fortement concurrentiel, Cornilleau a investi en 2019 dans une machine sur-mesure de 400.000 euros. « Le personnel porte moins de charges lourdes et les flux ont été optimisés. Chaque centime gagné, on le met ensuite dans l’innovation, le marketing, la communication » explique Michel Zany.

Le produit phare de Cornilleau est sa table « outdoor » qui représente 70 % de son chiffre d’affaires. A côté elle vend bien-sûr des tables « indoor » qui peuvent être vendues jusqu’à 1’500 euros pour les tables de compétition, ainsi que des raquettes, balles et autres accessoires qui sont sous-traités.

Au vu de la saturation du marché européen, Cornilleau s’est lancée sur le marché américain. « Les Américains ont arrêté l’industrie avant les Français. Et aucun fabricant local ne s’est lancé dans le premium », note Michel Zany. Là-bas, les tables Cornilleau se vendent jusqu’à 1 800 euros.

Dernière innovation chez Cornilleau, elle vient de commercialiser un billard d’extérieur, supposé résister aux conditions climatiques extrêmes. L’objet, au design épuré, est attractif mais son prix (2590 euros) le réservera probablement à une clientèle plus restreinte que le ping.

Photos : francebleu.fr – twitter