Avec ses huiles essentielles et produits de soins naturels, l’entreprise Aroma-Zone connaît un succès retentissant tout en conservant une gestion familiale et un esprit écologique.
La cosmétique est un marché énorme. Les crèmes anti-age, ou autres produits embellissant suscitent la convoitise dans le monde entier. Encore faut-il avoir le budget, car l’industrie cosmétique les vend à prix d’or. Avec Aroma-Zone, les Parisiens peuvent désormais concocter leurs propres onguents à base de produits 100 % naturels. Dans les ateliers proposés par Aroma-Zone, ils apprennent le métier sous l’œil expert d’une animatrice spécialisée. Résultat, en vingt minutes, avec dix ingrédients maximum, on obtient une crème aussi efficace que celle d’une grande marque, bon marché… et qui plus est sans produit chimique.
La boutique d’Aroma-Zone, ouverte il y a un an à Paris en plein cœur du quartier de Saint-Germain-des-Prés, ne désemplit pas. Les clients affluent vers ce temple de la cosmétique naturelle qui propose sur 300 mètres carrés une multitude de flacons multicolores : huiles essentielles, huiles d’Argan ou de baobab, hydrolats… au total 1700 références. La maison propose en outre sa propre gamme de produits de soins, shampoings, dentifrices, maquillages. Il y en a pour tous les goûts !
Ni marketing ni commercial
Pourtant, Aroma-Zone, née il y a quinze ans dans le garage de la famille Vausselin, ne compte à ce jour ni service commercial ni service marketing. L’entreprise familiale doit sa croissance exceptionnelle, 40 % chaque année depuis sa création, au bouche- à-oreilles ainsi qu’à un réseau d’inconditionnels, les AZA (Aroma-Zone addicts), un forum qui fait le buzz sur la toile. Ce succès suscite à la fois incompréhension et convoitise dans l’univers de la cosmétique. « C’est vrai, les ténors de l’industrie de la cosmétique ne comprennent pas comment on fonctionne », constate Pierre Vausselin, son fondateur.
L’aventure Aroma-Zone commence dans les années 90. Pierre Vausselin, ingénieur chimiste, après un parcours comme directeur d’une usine de minéraux, puis de papier, se prend de passion pour les plantes et leurs vertus. Dans ses terres de Lozère, il plante, cultive et étudie à ses heures perdues. En parallèle il se lance dans la création de sites et crée le sien sur les huiles essentielles. Ses filles, Anne et Valérie, alors étudiantes, partagent sa passion pour l’aromathérapie et participent au projet. Dès le départ, le site intègre des conseils pratiques.
« Très vite, des producteurs prennent contact avec nous, de Madagascar, du Mexique, d’Inde, d’Espagne, pour nous proposer leurs huiles » se souvient Anne, l’aînée, interviewée par Paris Match. En 2000, Aroma-Zone devient le premier site de vente en ligne d’huiles essentielles, alors essentiellement vendues en pharmacie. Pierre Vausselin s’occupe de reconditionner les huiles en flacons et de les expédier aux clients depuis le garage de la maison familiale.
42 millions de chiffre d’affaires en 2015
Aroma-Zone, qui démarre avec une quarantaine d’huiles essentielles, élargit progressivement sa gamme sous la pression des internautes qui réclament qui des crèmes, qui des huiles végétales, qui des bases neutres. En 2005, Anne et Valérie quittent leurs emplois respectifs pour rejoindre à plein temps leur père chez Aroma-Zone. C’est l’époque où le concept du « Do it yourself », venu des Etats-Unis, devient en vogue. Et cela coïncide aussi avec la découverte par le consommateur des effets nocifs des parabènes et autres perturbateurs endocriniens présents dans les cosmétiques industriels. C’est ainsi que naît l’idée des ateliers Aroma-Zone. Ce concept rencontre immédiatement la faveur du publique, séduit par l’aspect santé autant que par le côté ludique et créatif de la fabrication.
La devise de la maison : «Offrir la meilleure qualité au meilleur prix». Le trio Vausselin tient à conserver ses prix et ses marges au plus serré. «Nous préférons offrir un projet sociétal que des tableaux de bord financiers», explique Anne, qui dirige les 130 salariés de l’entreprise. Aroma-Zone a réalisé un chiffre d’affaires de 42 millions en 2015.
Pour accompagner son développement, Aroma-Zone va industrialiser l’étiquetage des produits qui se fait encore à la main à la Cigalette (Vaucluse). Une deuxième boutique va ouvrir rive droite à Paris. L’entreprise va aussi s’attacher à l’international car le site, même s’il compte 20 % de clientèle étrangère, n’existe toujours qu’en français ! Les investisseurs et repreneurs potentiels sollicitent régulièrement les Vausselin, qui restent très prudents. Car ils tiennent plus que tout à préserver l’esprit Aroma-Zone qui est l’essence de leur succès.