La relocalisation n’est pas monnaie courante chez les entreprises françaises ayant décidées d’installer leurs opérations en dehors de l’Hexagone. C’est pourtant le choix fait récemment par Allure Systems, une start-up qui commence à faire parler d’elle.
Une idée innovante
En 2016, on estime qu’environ 20 % des dépenses d’habillement des Français ont été réalisées depuis leur ordinateur, via les sites e-commerce. La vente en ligne explose depuis ces dernières années et offre ainsi des opportunités à de nouvelles entreprises innovatrices, comme Allure Systems.
Fondée à Shanghai en 2015 par deux Français, Gabrielle Chou et Jeremy Chamoux, cette jeune société propose une solution qui optimise et simplifie le processus intégral du shooting mode. A partir d’une simple image d’un vêtement, le logiciel permet d’habiller un mannequin virtuel et de choisir le décor, la pose ou encore le type de modèle. Du maquillage aux angles de vue, tous les éléments sont pris en charge par le logiciel. Pour obtenir ce rendu, Allure Systems a numérisé les images de 24 femmes et 12 hommes en suivant les mêmes techniques utilisées pour les jeux vidéo. En outre, la start-up propose aussi l’installation chez ses clients d’un studio qu’elle a breveté. Les photos prises dans ce studio sont alors remplacées sur les mannequins virtualisés de manière automatique grâce à des algorithmes.
Un succès immédiat
Ce nouveau service a suscité dès le départ un intérêt certain, répondant à une demande forte du secteur de l’habillement en ligne, en proie à un renouvellement des collections effréné. Surtout que la jeune société s’appuie sur des arguments de poids avec en moyenne une réduction de 40 % des coûts par rapport à un shooting classique. Les délais sont également écourtés avec une mise en ligne possible dix heures après la réception du vêtement. « Pour les sites de vente de vêtements, le défi, c’est aujourd’hui de mettre en scène rapidement leurs produits.
Pour fonder sa société, Gabrielle Chou s’est alliée à un jeune développeur français vivant également dans l’empire du Milieu, Jeremy Chamoux, qui a mis au point le logiciel de traitement d’image. Très rapidement, les deux expatriés ont trouvé leurs premiers clients, d’abord auprès des sites de vente en ligne chinois puis sur le marché français avec Showroomprive.com ou La Redoute. En 2016, la start-up a vu son chiffre d’affaires multiplié par trois avec 693.000 d’euros en réalisant pas moins de 125.000 visuels. Si l’entreprise ne compte qu’une trentaine de salariés aujourd’hui, elle devrait en employer une cinquantaine d’ici fin 2017.
2017 : l’année de l’expansion et de la relocalisation
Alors qu’elle ne disposait jusqu’à cet été que d’une simple antenne à Paris, Allure Systems a choisi de relocaliser son siège social, de la Chine vers la France. L’entreprise se rapproche ainsi de ses principaux clients et d’une région à fort potentiel en matière de prêt-à-porter. Une autre raison de ce retour au pays est la difficulté de trouver en Chine une main d’œuvre hautement qualifiée. “Nous travaillons avec des techniques de pointe dans l’imagerie informatique. Les talents français dans ce domaine sont très bons car ils allient la technologie et l’art” explique Gabrielle Chou, lors d’une interview pour BFMBusiness. Elle indique également que l’élection d’Emmanuel Macron et son signal envoyé aux entrepreneurs français ont pesé dans la balance.
Des mannequins remplacés par des modèles en résine, les algorithmes préférés aux photographes professionnels… cette technologie réduit clairement le facteur humain. Si elle a le mérite d’apporter une solution aux acteurs n’ayant pas le budget pour des séances photo avec des mannequins professionnels, saura-t-elle sur le long terme se positionner comme une alternative viable face à la créativité des professionnels du secteur ?
Un succès que pourtant certains voient assuré au vu des trois millions engagés en septembre par les fonds d’investissement français CapHorn Invest et Calao Finance dans la start-up.