La société française Woodoo développe un bois “augmenté” aux propriétés surprenantes, qu’elle espère voir devenir le matériau de construction privilégié du XXIe siècle.
Timothée Boitouzet l’affirme : « Le 19e siècle a été l’âge du fer, le 20e celui du béton, le 21e siècle sera celui du bois ». Il est le fondateur de Woodoo, une start-up créée en 2016, qui commercialise le résultat de cinq ans de recherches préalables : un bois modifié à l’aide de nanotechnologies avancées. Et ce dernier pourrait bien détrôner de nombreux matériaux de construction d’ici peu.
L’innovation autour d’un matériau ancestral
Woodoo se distingue dès 2017, en remportant le prix EDF Pulse, l’un des plus renommés dans le monde du BTP, dans la catégorie Smart City. Son bois augmenté se profile déjà comme une solution d’avenir en vue de construire les villes du futur, au bilan carbone réduit au maximum. C’est ensuite lors des CIC Start Innovation Business Awards que la société est récompensée du coup de cœur du jury. Une mise en lumière particulièrement bienvenue pour une solution clairement en rupture avec les habitudes de construction – notamment françaises – qui privilégient depuis bien longtemps l’acier et le béton.
Timothée Boitouzet a fait des études d’architecture au Japon, où il a réalisé que le bois naturel, nettement plus présent dans la culture de construction locale, permettait déjà de réaliser des structures parfaitement fiables et impressionnantes. Il a alors l’idée de d’appeler les nanotechnologies les plus avancées à l’aide de l’antique matériau afin de lui conférer des caractéristiques inédites, dignes de scénarios de science-fiction.
Une solution écologique
Quelles sont donc ces propriétés, qui feraient du bois un matériau à même de concurrencer les ressources classiques? Elles sont environnementales tout d’abord. La production de béton et ciment et la construction en général présentent un bilan carbone catastrophique et seraient à l’origine de 11 % des rejets de carbone dans l’atmosphère. L’urbanisation de la planète se poursuit et c’est l’équivalent de sept fois Paris qui doit être construit chaque année pour accueillir les nouvelles populations dans de nouvelles villes. Il est donc urgent de trouver comment améliorer la durabilité du BTP dans son ensemble.
Le bois de Woodoo constitue, par le simple fait qu’il soit du bois, une solution intéressante puisque sa composition carbonée fait de son emploi dans des constructions pérennes un excellent moyen de stocker le carbone. Lorsque l’on sait que 75 % du bois coupé n’est pas utilisé et finit à long terme dans l’atmosphère, le bois comme matériau de construction retrouve tout son sens.
Mais le procédé par lequel est traité le bois augmenté de Woodoo en fait une solution réaliste en matière de longévité et de solidité notamment, points sur lesquels le bois naturel péchait. En extrayant de façon sélective la lignine du bois, dont sont notamment faites les parois de ses cellules, et en le remplaçant par un polymère spécifique, Woodoo crée un bois insensible aux ravages de la météo, de l’eau et du feu, et cinq fois plus solide que le bois normal. Il permettrait de bâtir des structures de 35 étages, trois fois plus que ce que permet le bois utilisé actuellement.
Une innovation excitante
La liste des propriétés du bois augmenté de Woodoo ne s’arrête pas là. La nano technologie employée permet en effet de rendre le bois translucide, luminescent et sensible au toucher, à la façon d’un écran de smartphone! Les possibilités de design donnent alors le vertige, qu’il s’agisse de cloisons, de meubles ou d’objets du quotidien, des jouets aux bijoux en passant par la vaisselle. Les possibilités sont infinies!
L’industrie automobile notamment s’intéresse de très près à ce produit, de même que l’horlogerie et le luxe en général. L’innovation de Woodoo est porteuse d’améliorations durables, pratiques et esthétiques, teintées d’un brin de folie, qui font d’elle une avancée prometteuse et stimulante pour le futur.
Sources des photos : thegoodlife.thegoodhub.com / lemoniteur.fr