L’appli Klassroom, carnet de liaison digital créé par deux jeunes pères de famille en 2016, vient d’exploser dans un contexte de Covid-19 qui oblige les enseignants à communiquer en ligne avec les élèves.
Un carnet de liaison digital pour rapprocher le professeur de la famille : c’est le pari gagnant réussi par les deux cofondateurs de l’application Klassroom, née en 2016. Frank-David Cohen et Damien Rottemberg sont deux amis d’enfance qui ont grandi ensemble à Paris et qui ont conservé une relation forte malgré le départ du second pour New-York.
Après une séparation avec la mère de sa fille de quatre ans, Damien Rottemberg ressent un réel manque dans l’implication qu’il pourrait avoir au niveau du travail scolaire. Également papa, Frank-David Cohen subit, comme tous les autres parents, l’accès limité aux écoles en raison des plans vigi-pirates successifs.
Face à ces problématiques, ils décident de développer une application qui permettrait une meilleure interface entre la famille et l’école. Frank-David Cohen, qui va devenir le CEO de la start-up, a déjà développé une première application, « Room », qui permet de gérer et créer une communauté en ligne et qui est déjà utilisée par une professeure avec ses élèves. Il ne reste plus qu’à perfectionner Room en lui donnant une fonction spécifique pour les écoles et devenir ainsi « Klassroom ».
Pour se lancer, la première équipe utilise les sous-sols de l’agence immobilière de la mère de Frank-David Cohen et après avoir testé l’expérience avec les enseignants de leurs enfants, les deux cofondateurs présentent le projet en 2015 à Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education.
90 % des parents au courant dans les deux heures
Séduite par l’idée, la ministre les envoie vers Numérilab, la direction du numérique pour l’enseignement scolaire, qui teste dès 2016 l’application en milieu rural et en milieu urbain. Et les retours sont très positifs ! L’accès à ce carnet de liaison numérique est un gain de temps pour la famille et les enseignants, il permet une rapidité et une efficacité supérieure pour la transmission des messages et surtout de fournir plus de contenus.
Sur l’application, l’enseignant peut créer une classe numérique dans laquelle il partage informations, documents et médias, ce qui lui permet aussi une meilleure communication avec la famille. Selon Frank-David Cohen, 90 % des parents ont accès à l’information moins de deux heures après la publication du prof, 100 % dans les vingt-quatre heures.
Les trois premières années sont un véritable succès pour la jeune start-up qui réussit trois levées de fonds pour un total de 1,5 millions d’euros. En 2019, elle génère un chiffre d’affaires de 100.000 euros et emploie une équipe de treize personnes. 2020 et la crise du Covid-19 constitue alors un tournant majeur et inattendu pour Klassroom qui voit la fréquentation de ses serveurs exploser après la fermeture des écoles annoncée par le président Emmanuel Macron le 12 mars 2020.
Une nouvelle levée de fonds de deux millions d’euros espérée
Dès le lendemain, les enseignants qui n’avaient pas encore opté pour Klassroom prennent d’assaut l’application pour créer une classe numérique mais le serveur n’est pas assez puissant : de 400.000 inscrits pour 100.000 utilisateurs quotidiens à des heures diffuses de la journée, il passe à 650.000 inscrits avec des pics de connexion simultanées inédits. 250.000 nouveaux inscrits en une semaine au lieu de 10.000 par mois, c’est beaucoup trop et le lundi 16 mars au matin, le serveur « tombe » malgré un week-end où les techniciens s’activent pour tenter de prévenir de la catastrophe.
Frank-David Cohen doit se résoudre à investir 100.000 euros pour dispatcher ses serveurs sur des clusters et donc passer de deux à quinze serveurs. Le coût opérationnel représente trois mois d’investissement, et fait passer le budget infrastructures de Klassroom de 2000 à 10.000 euros mensuels.
Quintupler les coûts oblige le CEO à lancer une nouvelle levée de fonds pour laquelle il espère tirer deux millions d’euros. En cas de tour de table réussi, il pense que Klassroom pourrait atteindre un chiffre d’affaires de 400.000 euros, soit quatre fois plus que les 100.000 euros générés en 2019.
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