Leader mondial de la fabrication d’instruments à vents haut-de-gamme, le groupe familial français Henri Selmer Paris, manufacturier d’instruments à vent, transmet son capital au fonds d’investissement Argos Soditic pour faire face aux challenges de son développement.
La marque Henri Selmer Paris est fondé en 1885. Après avoir commencé avec la manufacture de clarinettes, c’est en 1921 que démarre la production de saxophones. L’entreprise familiale établie dans les Yvelines, à Mantes-la-Ville, reprend les ateliers d’Adolphe Saxe huit ans plus tard et devient le légataire universel de l’invention du saxophone. C’est un grand changement que s’apprête à vivre l’entreprise familiale en cédant la majorité de son capital au fonds français Argos Soditic.
Une entreprise à la gestion familiale
Selmer a accompagné sur scène quelques-uns des plus grands noms de la musique : Louis Armstrong et Francis Hardy à la trompette, Benne Goodman et Michel Portal à la clarinette, Charlie Parker et Stan Getz au saxophone. Le Selmer Mark VI, produit entre 1954 et 1974 a la réputation d’être le meilleur saxophone jamais conçu.
L’entreprise est dirigée depuis sa création par un consortium d’actionnaires issus de la famille Selmer. Les 55 associés, représentant les quatrièmes et cinquièmes générations, sont entrés en négociation exclusive avec le fonds de capital-investissement Argos Soditic, en vue de la cession du capital de l’entreprise. Le fonds européen, qui gère près d’un milliard d’euros, devient l’actionnaire majoritaire du groupe. Il travaillera toutefois en étroite collaboration avec un « noyau » restreint de l’actuelle équipe dirigeante Selmer.
Le capital du groupe s’ouvre également aux salariés, qui créent la valeur et le savoir-faire de cette entreprise 100 % française. La cession du capital à Argos Soditic, qui accompagne la croissance et le développement de PME depuis près de 30 ans, garantit également l’avenir des 500 salariés du groupe. Un personnel haut-de-gamme que le groupe Selmer se doit de choyer et de préserver. « Chez Argos Soditic, nous sommes respectueux de l’humain et nous souhaitons continuer à investir dans le savoir-faire de Selmer », souligne Louis Godron, l’un des huit associés du fonds acquéreur.
Accompagner le développement à l’international et maintenir un savoir-faire
« Nous avons besoin d’un actionnariat puissant financièrement qui puisse garantir et accompagner le développement de la marque, notamment à l’international », explique Jérôme Selmer, directeur général depuis 2017 et arrière-petit-fils du fondateur Henri Selmer. 87 % des ventes sont en effet réalisées à l’export dans plus de 60 pays dont la moitié en Asie. Et justement sur ce continent, la concurrence asiatique est rude. Alors qu’un saxophone Selmer vaut environ 4500 €, on trouve des modèles attractifs pour à peine 500 € sur le marché du sud-est asiatique.
La fabrication d’un Selmer nécessite plus de 2000 opérations pour assembler plus de 700 pièces, toutes produites dans l’usine de Mantes-la-Ville. « Notre groupe est trop petit pour rentrer en Bourse, et le marché est trop volatil. Nous n’avons pas non plus souhaité être repris par un concurrent », ajoute Jérôme Selmer. « Argos Soditic va donc nous accompagner pour poursuivre notre transformation et maintenir notre savoir-faire manufacturier ».
Élargir la gamme
Pour élargir sa clientèle aux amateurs, étudiants de conservatoire ou musiciens professeurs, le groupe avait lancé la gamme « SeleS », introduite au catalogue de la marque en 2014. La série de saxophones et clarinettes propose des instruments d’une qualité presque aussi élevée mais un peu moins onéreuse. La marque annonce déjà clairement à l’époque, son objectif de s’attaquer au marché du saxophone sud-est asiatique.
La marque, qui fêtera ses 135 ans l’année prochaine, semble avoir mis toutes les chances de son côté pour faire face aux challenges d’un marché international très concurrentiel.