Jean-Claude Biver est une véritable légende vivante du monde de l’horlogerie. Durant 43 années d’expérience dans l’art horloger, il a successivement sauvé trois marques réputées (Blancpain, Oméga et Hublot) tout en enchaînant les nominations aux postes les plus prestigieux. Depuis janvier 2014, il occupait le poste de P-DG de la division montres de LVMH (qui recouvre les marques Tag Heuer, Hublot et Zenith) avant de renoncer à ses responsabilités en septembre dernier pour raisons de santé.
Les débuts dans l’horlogerie avec Audemars Piguet et Omega
Jean-Claude Biver est né au Luxembourg en 1949 qu’il quitte à l’âge de 10 ans lorsque sa famille s’installe en Suisse. Après des études à HEC de Lausanne, il découvre le monde de l’horlogerie en 1975 chez Audemars Piguet, manufacture suisse, dans laquelle il développe sa passion naissante pour l’art horloger au contact des techniciens et des ingénieurs. Il quitte l’entreprise en 1980 pour rejoindre Omega, entreprise suisse d’horlogerie de luxe, au poste de responsable de produit où il découvre les règles et les contraintes inhérentes à un grand groupe international.
Le sauvetage de Blancpain
Nostalgique de l’art horloger, Jean-Claude Biver démissionne au bout d’un an pour racheter avec son ami Jacques Piguet la marque Blancpain, fabricant de montres traditionnelles à ressort, pour seulement 22.000 francs suisses. Depuis l’avènement de la montre quartz, la marque est en chute libre comme la plupart des manufactures d’horlogerie suisse. Grâce notamment au slogan « Depuis 1735, il n’y a pas eu de montre Blancpain à quartz. Et il n’y en aura jamais », les deux hommes réussissent le pari risqué de redresser la société qui lui permet en quelques années de rivaliser avec les plus grands noms de l’horlogerie. En 1992, Jean-Claude Biver revend Blancpain pour 60 millions de francs suisses au groupe SMH, devenu depuis Swatch.
Retour chez Oméga, la montre des stars
Le sauvetage de Blancpain permet à Jean-Claude Biver de se forger une réputation de sauveur de sociétés. Il est alors recruté à la direction de Swatch Group où on lui confie la mission de redresser Omega, société qu’il avait quittée dix ans auparavant, en complète désuétude. Il réussit à redresser la marque en recourant notamment au partenariat avec des célébrités. Ainsi, dans Skyfall, James Bond porte une montre Oméga, tout comme Michael Schumacher, Cindy Crawford ou encore Pierce Brosnan. Le pari est donc tenu pour Jean-Claude Biver qui quitte Omega en 2003 après avoir triplé les ventes de la société pendant son mandat.
La Big Bang de chez Hublot
Fort de son expérience, Jean-Claude Biver s’attaque en 2004 à un nouveau sauvetage, celui de la marque Hublot. Créée en 1980, la marque est connue pour avoir été pionnière dans la fusion des matériaux dans une montre, en combinant l’or et le caoutchouc. Tout en restant fidèle à l’esprit de Hublot, Jean-Claude Biver va poursuivre l’innovation en développant le concept de « L’Art de la Fusion » et crée la Big Bang, une montre associant la céramique et la fibre de carbone.
Le succès est immédiat et les récompenses s’enchaînent : la Big Bang reçoit le prix du meilleur design lors du grand prix d’horlogerie de Genève. En 2008, la marque s’offre une visibilité mondiale exceptionnelle en décrochant le chronométrage officiel de l’Euro faisant passer son chiffre d’affaires de 25 millions à plus de 200 millions de francs suisses en quatre ans.
Ultime défi au pôle horlogerie de LVMH
En 2014, à près de 65 ans, Jean-Claude Biver se lance dans un ultime défi en prenant la présidence de la division montres du groupe LVMH. Il s’investit pleinement dans la marque Tag Heuer, spécialisée dans les montres sportives de prestige et pose les jalons de l’assaut du marché des montres connectées. Ce passionné d’horlogerie considère en effet qu’il existe deux types de montres : la montre mécanique, objet d’art et d’émotion et la montre connectée, celle du quotidien.
Contraint de renoncer à ses responsabilités en septembre dernier pour raisons de santé, Jean-Claude Biver conserve cependant son poste de président non-exécutif. Ce bourreau de travail refuse de parler de retraite et fixe comme priorité pour les prochaines années de conquérir la Chine.