La vie de Masayoshi Son a toujours été faite de défis et de paris. Il a perdu, parfois, mais il a surtout souvent gagné. Aujourd’hui ce fils d’immigrés coréens est le 82e homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 15,5 milliards de dollars. Il aurait pu être bien plus riche si l’explosion de la bulle Internet, au début des années 2000, ne lui avait pas fait perdre 70 milliards de dollars. Et ce n’est pas la seule déroute qui guettait l’homme d’affaires. Mais Masayoshi Son a plus d’une corde à son arc et aucun échec ne semble le décourager.
Né en 1957, Masayoshi Son, Son Jeong Ui de son vrai nom, n’a pas eu une enfance facile. Issu d’une famille de Zainichi (ce terme désigne les Coréens immigré « temporairement » au Japon) de Tosu, au sud du Japon, il a du faire face au racisme et à la discrimination à l’égard des immigrés coréens. Pour de nombreux observateurs, c’est cette enfance difficile a permis à Masayoshi Son de se forger un caractère de battant.
Son idole : l’homme qui a importé la franchise McDonald’s au Japon
Jeune adolescent, Masayoshi Son parvient à rencontrer son idole Den Fujita, celui qui a importé la franchise McDonald’s au Japon en 1971. Ce dernier lui recommande alors d’apprendre l’anglais et les sciences de l’informatique. Son suivra ce conseil et en 1973, il part aux Etats-Unis pour poursuivre ses études.
En 1977, il entre à l’université de Californie où il étudie l’économie et les sciences de l’informatique. C’est durant cette période que Masayoshi Son acquiert la conviction que la prochaine révolution sera informatique et développe des projets dans ce sens en parallèle à ses études.
Au moins une idée par jour
Partant du principe qu’il lui faut avoir au moins une idée par jour, il développe ainsi un business de location de jeux vidéo en important les premières bornes d’arcade tels Pac-Man et Space Invaders et en les louant à des bars de Berkeley, où il étudie. Il crée aussi le premier appareil de traduction multilingue et vend le brevet à Sharp pour l’équivalent d’1 million de dollars.
Il sort diplômé en 1980 et rentre au Japon avec déjà un compte en banque déjà bien garni. Il passe alors un an et demi à réfléchir à ce qu’il va faire avant de se lancer dans la distribution de logiciel informatique. C’est ainsi que Softbank voit le jour.
De 10.000$ par mois à plus de 2 millions en un an
Après des débuts difficiles, Masayoshi Son obtient un accord exclusif avec Joshin Denki, la troisième chaîne de boutique électronique au Japon. En un an, les revenus mensuels de Softbank passent de 10.000$ à 2,3 millions de dollars. Mais Son ne veut pas s’arrêter là et il continue à investir avec plus ou moins de succès : il investit notamment dans Kingston Technologies, projet dans lequel il perdra finalement un milliard de dollars.
En 1996, Masayoshi Son fonde Yahoo Japan et entre à hauteur de 30% dans le capital du futur géant de l’Internet. Mais la bulle Internet commence à montrer des signes de faiblesse et finit par exploser à la fin des années 90. Softbank s’effondre alors, les actions passant de 1700$ à 14$ en moins de deux ans. D’un point de vue personnel, Masayoshi Son perd 70 milliards de dollar et sa fortune n’est plus « que » de 8 milliards de dollars.
Accord exclusif de distribution de l’iPhone au Japon
Mais il en faut plus pour décourager Masayoshi Son. Celui-ci se lance alors comme fournisseur d’accès Internet et propose une offre à 12 méga/seconde pour 21$ mensuels. Avec plus de 7000 souscriptions d’abonnement chaque mois, le succès est de nouveau au rendez-vous. Puis l’homme d’affaire conclut avec Steve Jobs un accord de distribution exclusif de l’iPhone au Japon alors que le mobile d’Apple n’est encore qu’au stade de projet.
En 2006, il rachète Vodafone Japan qu’il renomme Softbank mobile. Grâce à la popularité croissante de l’iPhone, le nombre d’abonnement à sa compagnie explose, passant ainsi de 16 à 35 millions d’abonnés. En 2013, le Coréen-Japonais poursuit son aventure dans la téléphonie en rachetant le numéro 3 américain Sprint.
Masayoshi Son, qui détient par ailleurs 30 % du géant chinois Alibaba, est considéré aujourd’hui par le magazine Forbes comme la 51e personne la plus influente de la planète. Il n’en reste pas moins un homme de conviction qui a versé 120 millions de dollars aux victimes de Fukushima ainsi que tous ses salaires jusqu’à sa retraite, prévue à ses 60 ans. Jusque-là, on peut lui faire confiance pour avoir encore de nouvelles idées.