OneWeb, la startup américaine fondée par le millionnaire excentrique Richard Branson, a sélectionné Airbus pour l’aider à bâtir ses 900 satellites et relier la terre au ciel par Internet.
OneWeb, la startup lancée par l’ex-propriétaire de Virgin, Richard Branson, s’est donné une mission: connecter toute la population de la planète au Web à un prix abordable. À l’heure actuelle, près de la moitié de la population n’a toujours pas accès à cette technologie pourtant reconnue comme facteur d’accès à l’éducation, à l’égalité, à la créativité mais également à l’aide d’urgence.
Pour y parvenir, OneWeb souhaite créer une constellation de satellites qui permettraient d’envoyer Internet sur terre pour connecter même les régions les plus reculées grâce à la 3G et au WiFi. À terme, il s’agit, par exemple, également de pouvoir réagir sans délai ni coupure de communication à des catastrophes naturelles. C’est la raison pour laquelle OneWeb étend sa recherche à la création de terminaux 4G mobiles pour faciliter la communication dans les situations les plus extrêmes.
Des mini-satellites pour OneWeb
Devant cette tâche colossale, OneWeb a opté pour l’équipe européenne d’Airbus qui devrait lui fournir 900 satellites, dont 700 d’ici 2018. Plus petits, plus légers et avec moins de composants, ces « mini-satellites » pèse 150 kg chacun et coûtent 500 000 dollars pièce à produire. C’est ainsi que OneWeb fait son entrée dans le monde de l’espace.
Le défi est de taille car faire travailler 900 satellites ensemble est une avancée technologique totalement inédite. De plus, ce contrat représente un défi pour l’entreprise Airbus elle-même qui, jusqu’à présent ne fabriquait de 5 satellites par an. Avec ce contrat, ce seront 5 satellites par jour qu’il faudra fournir.
Le contrat entre OneWeb et Airbus a été annoncé en juin dernier à l’occasion du salon du Bourget. La branche Défense & Espace d’Airbus (Airbus DS) est en charge de la commande. Les 10 premiers prototypes seront donc fabriqués à Toulouse avant d’être fabriqués à la chaîne aux États-Unis par Airbus et d’être placés en orbite à 1500 kms de la terre, soit quasi-polaire. Ce contrat, dont le montant est estimé entre 1 et 2 milliards de dollars, est le plus important de l’histoire d’ArianeSpace, l’agence chargée de la mise en orbite avec Virgin Galactic.
De la réelle philanthropie pour Oneweb ?
Avec ce projet, OneWeb et Airbus relèvent le défi lancé par Space X et Google qui ont commencé les premiers à travailler à la fabrication d’une constellation de 4 000 satellites. Le géant américain Facebook a également dévoilé une volonté similaire de connecter tous les habitants de la planète à Internet grâce à des ballons géostationnaires ou des drônes, dont le premier a été dévoilé le 30 juillet dernier.
Si tant d’acteurs s’y intéressent, les raisons philanthropiques de fournir Internet aux pays émergents n’en sont pas les seules motivations. En effet, les marchés actuels d’Internet dans les pays développés arrivent à maturité. Fournir une connexion aux pays émergents est dont la seule alternative qui permet le développement des entreprises, qui, en s’y établissant, ont également l’occasion de soutenir leur taux de croissance à plus de 20%.
Positionner les satellites en orbite quasi-polaire, comme OneWeb souhaite le faire, c’est également permettre à l’information d’arriver à une vitesse plus rapide de 40% que celle de la fibre optique.
900 satellites vont travailler ensemble
Le projet de OneWeb fait sensation car il est le premier de cette envergure et une véritable première technologique. On n’a encore jamais vu 900 satellites travailler ensemble !
Pour certains spécialistes pourtant, la question du prix de vente de la connexion reste un problème car il ne sera jamais assez bas. En effet, l’idée de développer Internet par satellite existe depuis quelques années déjà mais le temps de latence entre l’émission et la réception des informations a toujours posé problème. La position quasi-polaire du satellite est un moyen de réduire ce retard.
Dans le cas de OneWeb, le signal émis par ces 900 satellites en orbite quasi-polaire sera à terme moins important que ceux des satellites positionné sur une orbite différente. Neuf-cents est donc un nombre tout juste assez important pour commencer l’aventure. A ce rythme, ce type de projet peut s’avérer très onéreux. La connexion ne pourra donc pas être si bon marché, selon les spécialistes de la question.
Airbus dans les étoiles
La conquête de l’espace n’est pas non plus nouvelle pour Airbus, qui constitue un partenaire de choix pour OneWeb. En mai dernier, le groupe a lancé un fonds de capital-risque de 150 millions d’euros, sous la direction de Tim Dombrowski, 54 ans, spécialisé dans les stratégies technologiques et leur adaptation à un environnement de méga-entreprise.
Ce fonds permet, entre autre, de financer « l’Airbus Group Silicon Valley Business Innovation Center », destiné à renforcer les capacités et le savoir-faire d’Airbus en termes de nouvelles technologies. Ce pôle d’innovations technologiques est dirigé par Paul Eremenko, 35 ans, un ancien dirigeant de Google et chercheur en aéronautique.
À l’heure actuelle, la division Défense et Espace d’Airbus représente environ 10% de son chiffre d’affaires. Le mois dernier, l’entreprise a dévoilé Adeline, sa nouvelle fusée réutilisable qui fait, là aussi, directement concurrence à SpaceX qui a développé Falcon9, un lanceur également réutilisable.
Un Airbus décolle ou atterrit toutes les 3,5 secondes
Le groupe représente aujourd’hui l’exemple du succès de l’industrie européenne. En 2014, son chiffre d’affaires s’élevait à 60,7 milliards d’euros. Le groupe emploie également 54 000 personnes en France, ce qui représente un peu plus d’un tiers de l’entreprise. En plus de son implantation aux États-Unis, Airbus a aussi l’ambition de se lancer à la conquête des marchés chinois et indien. Aujourd’hui dans le monde, un Airbus décolle ou atterrit toutes les 3,5 secondes… alors, après le ciel, pourquoi pas aller plus haut ?