Richard Branson, le fondateur du groupe Virgin a estimé qu’en interdisant à ses employés de travailler à distance, Marissa Mayer, PDG de Yahoo, se plaçait du mauvais coté de l’histoire.
« A moins que vous n’ayez un travail technique comme piloter un avion, vous pouvez probablement le faire de chez vous. » C’est en substance ce qu’a déclaré Richard Branson, le fantasque fondateur du groupe Virgin face à la politique interne de Yahoo consistant à proscrire le télétravail et à imposer à ses employés de se déplacer sur leur lieu de travail pour effectuer leurs taches professionnelles.
Un débat par media interposés entre Virgin et Yahoo
Critiquant ouvertement Marissa Mayer lors d’une émission télévisée sur Bloomberg TV, Richard Branson a en effet expliqué que le télétravail permettait aux personnes qui le pratiquaient de s’épanouir personnellement tout en conservant une efficacité similaire. Il estime que l’interdiction de travailler depuis son domicile met la pression sur la vie familiale et limite l’ascension professionnelle des femmes. Il a également ajouté que n’importe quel travail habituellement effectué au sein d’un siège social était parfaitement réalisable depuis sa maison.
Ces déclarations sont intervenues une semaine après que Marissa Mayer, PDG du groupe Yahoo, a indiqué que toute forme de télétravail serait désormais interdite au sein de son entreprise. Michael Bloomberg, le maire de New York, avait apporté son soutien a cette position, déclarant que « le télétravail [était] l’idée la plus stupide dont il ait jamais entendu parler ». Richard Branson, connu pour ses méthodes de management peu orthodoxes, a donc tenu à réagir à ces propos. Selon lui, « d’ici trente ans, alors que la technologie se développe continuellement, les gens regarderont en arrière et se demanderont comment les bureaux ont bien pu exister un jour ».
La confrontation entre deux philosophies managériales
Derrière ces sorties médiatiques se profile l’antagonisme de deux philosophies bien distinctes du management actuel. D’un coté, la vision traditionnelle de la gestion du travail des salariés reposant sur leur surveillance, sur la présence de la hiérarchie et l’efficacité par la contrainte. De l’autre, la recherche de l’optimisation du travail par la motivation, l’épanouissement personnel et le bien être. Richard Branson et les tenants d’un management basé sur l’accomplissement personnel et le degré de satisfaction des employés estiment ainsi que les vieilles méthodes sont désormais contre-productives : les mentalités et les possibilités techniques ayant évolué, le management coercitif n’est plus à même de générer un engagement de qualité et une prise d’initiative efficace de la part des employés. Une telle orientation permettrait en outre de substantielles économies de structure, en matière d’immobilier notamment, mais également d’équipement, de transport…
A l’inverse, les partisans d’un travail exercé au sein de l’entreprise à des heures précises et imposées arguent du fait que la présence simultanée de l’ensemble des employés et de leurs supérieurs, leur cohabitation concrète et régulière, demeure la façon optimale d’assurer la formation continue des personnes, dont l’apprentissage se fait au contact de cadres et collègues plus expérimentés. La circulation de l’information serait elle aussi dégradée qualitativement par de seuls échanges dématérialisés, et quantitativement, par la limitation des interactions humaines aux seule échanges professionnels, alors même que nombre de données essentielles se transmettent par le biais de simples conversations quotidiennes apparemment anodines. C’est notamment le cas de la culture d’entreprise, de la cohésion interne et de la bonne compréhension des politiques et orientations stratégiques.
Le télétravail un sujet de réflexion parmi bien d’autres
Ces deux écoles de pensée managériale ne sont cependant pas si nettement distinguées dans leur mise en œuvre concrète, qui demeure avant tout une question de circonstances et d’inclination personnelle des dirigeants. Si le recours à grande échelle au télétravail constitue l’un des mécanismes les plus visiblement différenciant par rapport aux méthodes traditionnelles de travail, il ne constitue qu’un sujet de réflexion parmi bien d’autres, et bien souvent, un manager pourra avoir recours à l’une ou l’autre approche selon les particularités de l’environnement de l’entreprise et de ses différents services : secteur d’activité, clients, environnement légal etc.