Indissociable des fêtes et des réjouissances en tous genres, le précieux vin effervescent de Champagne engendre chaque année un chiffre d’affaires dépassant les 4 milliards d’euros. Une réussite due en grande partie au travail effectué par un moine bénédictin au début du XVIIIème siècle.
Du vin tranquille au vin effervescent
Présente dès l’Antiquité, la culture de la vigne dans la région champenoise connait un essor conséquent au Moyen Âge, où les nombreux monastères se doivent de produire une grande quantité de vin de messe. Source de prestige pour la communauté religieuse, une véritable émulation se créée afin d’obtenir la meilleure qualité possible. La situation perdure ainsi durant des siècles, lorsque Dom Pérignon, cellérier-intendant de l’abbaye Saint-Pierre d’Hautvillers, décide d’appliquer aux vins de Champagne une méthode de vinification déjà pratiquée à Limoux. Parvenant à obtenir l’effervescence de la boisson, Dom Pérignon multiplie les innovations et les apports techniques inédits, donnant au champagne son caractère prestigieux et inégalable.
La « méthode champenoise »
Responsable de la vinification au sein de son monastère, Dom Pérignon possède l’autorité nécessaire afin de mettre en application ses différentes trouvailles. Féru de philosophie et de théologie, cet esprit cultivé, issu d’une importante famille de vignerons, a quelques idées bien à lui pour améliorer la qualité de la production. Il commence par trier avec la plus grande précaution les diverses variétés de raisins, équilibrant ainsi le sucre et l’acidité propres à chaque cépage. Une fois cet accord trouvé, il s’attèle à l’amélioration des bouchons, remplaçant la traditionnelle étoupe par un bouchon de liège, assurant la totale herméticité nécessaire à la fermentation en bouteille. Enfin, il aménage les caves de l’abbaye afin de garantir une température constante, idéale pour la fermentation et la conservation du précieux liquide.
Le champagne à travers les siècles
Grace au travail du père Pérignon, le champagne a très vite trouvé sa place sur les tables les plus distinguées de France, avant de conquérir le monde. En 1729 ouvre à Reims la première maison de négoce en vin effervescent, bientôt suivie par de nombreuses autres. Un incroyable essor se produit au XXème siècle, où la superficie consacrée à la culture de la vigne augmente fortement pour répondre à une demande en perpétuelle croissance. Car le champagne a su demeurer un vin unique : les raisins qui le composent sont vendangés à la main, les pressoirs utilisés sont conçus de manière traditionnelle, l’assemblage des cépages se fait avec le plus grand soin, une partie de la fermentation s’effectue en bouteille, et les rendements très faibles garantissent une qualité constante. Autant de critères qui ont contribué à faire du champagne un produit financièrement très profitable.
Un commerce lucratif
Source de 30 000 emplois directs, auxquels se rajoutent les 120 000 saisonniers embauchés en période de vendanges, la filière champagne occupe une place prépondérante dans l’économie hexagonale. 349 millions de bouteilles ont été produites en 2013, dont plus de 87% destinées à l’export, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Allemagne constituant les principaux clients. Si les procédés d’élaboration ainsi que les méthodes commerciales ont quelque peu évolué depuis l’époque de Dom Pérignon, la majorité des historiens et des œnologues reconnaissent l’importance du rôle joué par le bénédictin, à qui la maison Moët & Chandon dédie une cuvée spéciale. Ses innovations, très modernes pour son temps, ont permis l’essor d’une tradition en passe d’être inscrite au patrimoine mondial par l’UNESCO. Nul doute que de nombreux bouchons sauteront pour célébrer ce prestigieux statut.