En 1967, Franck Knight disait: « l’Entrepreneuriat consiste à prendre des risques. » Il sera contredit par Peter Drucker en 1985 qui dira que l’entrepreneuriat intelligent consiste en ne pas prendre de risques justement. Aujourd’hui, avec la globalisation de l’économie et l’ouverture des frontières, la diversité des modèles économiques et législatifs permet aux entrepreneurs audacieux de choisir leurs pays d’implantation en fonction de l’environnement entrepreneurial qui sera le plus favorable et qui minimisera donc les risques. Face à la diversité des modèles économiques, de nombreuses études ont classé les pays dans le but de savoir lesquels étaient les meilleurs pour créer son entreprise. Un consensus est-il possible ?
La question des critères
« Singapour arrive en tête des pays où il est le plus facile de faire des affaires », « les meilleurs pays pour faire de l’entrepreneuriat, l’Australie obtient le meilleur score ! », « Quel est le meilleur endroit du monde pour lancer un business ? Le Danemark », « La Sillicon Valley reste de loin l’environnement entrepreneurial le plus favorable du monde », « Il est plus facile de lancer un business au Rwanda qu’aux Etats Unis », etc. Ces affirmations aussi nombreuses que contradictoires sont le résultat d’enquêtes publiées mais ne sauraient influencer qu’un futur entrepreneur bien naïf dans le choix de son pays d’implantation. Bien sûr cela ne remet pas forcément en cause la qualité des enquêtes mais on est en droit de se demander pourquoi tant de divergences subsistent. Plus que la subjectivité du sujet, c’est bien la question des critères qui est en jeu.
Ainsi, le rapport annuel Doing Business prend comme critères la facilité des démarches, l’obtention de prêts, le paiement des impôts et l’exécution des contrats. Singapour est en tête du palmarès. Cependant il existe de nombreux autres facteurs déterminants qui ne sont là pas pris en compte, comme la règlementation, le temps de création de l’entreprise, le dynamisme de l’économie, les taxes, le coût de la main d’œuvre, etc. Ce sont autant de critères qui sont aussi pertinents et qui seront pris en compte dans d’autres rapports. Il en résulte qu’il pourrait exister autant de résultats différents que d’enquêtes, sans qu’aucune d’entre elle ne soit forcément fausse.
Ce classement général est-il alors possible ou ne serait-il pas plus pertinent de se poser la question : quels pays pour quels types d’entrepreneurs et quels types d’entreprises?
Quels pays pour quels types d’entreprises et d’entrepreneurs ?
Certains critères sont communs à la plupart des enquêtes, par exemple l’accès au crédit. Cependant certains entrepreneurs disposent d’un capital et n’ont pas besoin de crédits, c’est un critère qui ne les concerne pas. On voit d’ailleurs de nombreuses entreprises à succès fleurir dans les pays en développement où l’accès au crédit et souvent difficile et les taux d’intérêts très importants.
Ces pays sont choisis sur d’autres critères qui peuvent être le coût faible de la main d’œuvre. Ainsi une entreprise vouée à la manufacture et l’exportation de produits choisira ces pays là. Les critères les plus importants seront alors le coût de la main d’œuvre, l’ouverture de l’économie sur l’extérieur, les taxes à l’export. C’est le cas de nombreux pays d’Asie du Sud et d’Afrique du Nord. Une entreprise spécialisée dans le service par téléphone n’aura que faire de la facilité d’exportation ou encore du dynamisme de l’économie, tandis que le coût de la main d’œuvre sera déterminant.
Prenons encore l’exemple d’un entrepreneur français qui voudrait ouvrir une petite pâtisserie française convaincu que ce produit peut marcher, il pourrait choisir la Nouvelle Zélande pour l’opportunité et le dynamisme de l’économie. Le coût de la main d’œuvre où encore les taxes à l’exportation n’auront aucunes influences.
Chaque modèle économique offre ses propres atouts qui faciliteront plus ou moins bien la création d’entreprise suivant les besoins de cette dernière et de ceux de son entrepreneur.
La question des meilleurs pays pour créer son entreprise est un sujet très subjectif. Utilisons le mot subjectif dans son sens littéral car la réponse dépend réellement du sujet, c’est-à-dire de l’entrepreneur et de l’entreprise qu’il veut créer. Le classement pourrait alors devenir objectif après identification des critères déterminants pour telle entreprise et tel entrepreneur en particulier. Ainsi entrepreneur, après étude de marché, votre classement objectif aurait pour titre « Quel sont les meilleurs pays pour créer MON entreprise!».