Les fontaines à soda en libre-service, les cafés à emporter, les boissons servies dans de grands gobelets… Ces inventions des années 1960 qui rythment toujours le quotidien de millions de personnes sont dues à 7-Eleven. La marque américaine est la plus franchisée de la planète avec 64.000 magasins répartis dans dix-huit pays. Elle supplante en nombre de franchises les grandes enseignes comme McDonald’s ou Subway mais n’est pourtant que peu connu des Français car elle est surtout présente en Asie, en Australie et en Amérique du Nord.
En Europe, seules la Norvège et la Suède abritent des 7-Eleven dont le succès tient à une idée visionnaire de ses créateurs, dans les années 1920, alors que la prohibition régnait aux Etats-Unis.
Un décollage grâce à la fin de la prohibition
John Jefferson Green, employé de la Southend Ice Company, possède un point de vente de glaces à Dallas au Texas lorsqu’il envisage de vendre des produits courants comme du lait, des œufs ou du pain. C’est en 1927 qu’il partage son idée à Joe C. Thompson, l’un des fondateurs de la compagnie qui l’emploie. Ils établissent un deal : le patron fourni les produits et Green se charge de les écouler tout en réglant les factures. Le concept des supérettes de proximité voit le jour et la fin de la prohibition, en 1933, accélère leur développement grâce à la vente d’alcool.
Peu à peu, tous les magasins de la Southend Ice Company se transforment en supérette et se regroupent autour de l’enseigne Tote’m qui devient en 1946 7-Eleven, en référence aux horaires d’ouverture des magasins, de 7h à 23h, sept jours sur sept. Les années 1950 marquent le début de l’expansion de la marque à travers les autres états américains. 1963 est un tournant dans le développement des magasins qui ouvrent désormais 24h sur 24h mais qui ne changent pas pour autant de nom. 7-Eleven rachète plus de 100 magasins franchisés et maintient ce système de fonctionnement jusqu’à aujourd’hui en privilégiant les entrepreneurs indépendants.
7-Eleven : une affaire d’abord familiale…
Les années d’or sont gérées par John Philp Thompson, le fils aîné de Joe C. Thompson, décédé en 1961. Le fils baigne très tôt dans l’entreprise puisqu’il est encore adolescent lorsqu’il accompagne son père dans les magasins de la Southend Ice Company. Il n’a que 23 ans lorsque le Dallas Times Herald dit de lui qu’il sera l’un des « leaders de demain ». Il prend la succession de son père peu de temps avant sa mort et c’est sous son impulsion que l’entreprise prend le virage à l’international.
Les Thompson marquent le XXe siècle aux Etats-Unis par leur philanthropie, leur attachement aux causes environnementales et humanitaires en investissant dans des programmes d’action d’alphabétisation de la population ou de responsabilisation des entreprises.
… Puis japonaise
7-Eleven s’exporte pour la première fois en 1969 au Canada puis en 1974 au Japon où il s’implante durablement. La marque ouvre des commerces en Australie, à Taïwan, en Malaisie, à Honk-Kong mais subit en 1990 une grave crise liée à un endettement trop élevé et à une concurrence plus féroce.
La filiale japonaise Ito-Yokado reprend la direction de l’entreprise en 1991 et évite de justesse le dépôt de bilan avant de revendre l’affaire à une holding japonaise créée pour l’acquisition, Seven & i Company, leader de la distribution au Japon.
En 2016, symbole d’un redécollage économique de la société et fidèle à son histoire de précurseur et d’innovateur, 7-Eleven effectue pour la première fois de l’histoire une livraison par drone, et en 2017, ce sont près de 3.300 nouveaux magasins qui sont inaugurés aux Etats-Unis. De plus, à l’image des autres grands distributeurs présents en Amérique du Nord comme Walmart, 7-Eleven développe le paiement par numérique dans ses magasins afin de faciliter les achats de ses clients et de toucher un public plus jeune. En 2018, les cafés servis par 7-Eleven sont toujours reconnus comme faisant partie des deux marques favorites de café des Américains.
Un retour aux premiers rangs mais des guerres intestines
Ce retour au premier plan n’empêche pas les guerres internes, notamment autour de la succession du P-DG de la holding Seven & i, Toshifumi Suzuki. En effet ce dernier a dû démissionner en 2016 à 83 ans après 40 ans de direction, désavoué par le conseil d’administration qui ne souhaitait pas voir son fils lui succéder.
Ryuichi Isaka, le nouveau président du groupe, a pour but de poursuivre le développement de la marque qui a annoncé au cours de l’année 2018 avoir recruté plus de 1.000 nouveaux employés au Japon. La success-story de 7-Eleven semble plus que jamais avoir trouvé son second souffle.